couleurs. Avantagé par les proportions du corps,
il a été défavorisé par l’habit, et de faibles vestiges
des teintes métalliques qui scintillent avec
tant de fraîcheur sur la robe de la plupart des
individus se sont joints chez lui à un vêtement
sombre et brunâtre. Les oiseaux-mouches destinés
à vivre entre les tropiques, et dans les zones
où le soleil versé sans cesse des torrens de lumière,
ont reçu des parures splendides pour se
trouver en rapport avec le luxe des autres productions
animales ou végétales; tandis que vivant
dans des régions plus tempétueuses, plus soumises
aux brusques écarts d’une atmosphère inconstante,
certaines espèces n’ont point eu besoin
de ce riche plumage ; et tel est le cas de l’oiseau
dont nous traçdons l’histoire.
Le patagón habite les forêts de l’intérieur du
Chili, et s’avance dans le pays des Araucanos, et
jusque dans les pampas sauvages des Puelches, au
sud du Yieux-Chili, et au pied des Andes. Longtemps
on a cru qu’il vivait dans l’intérieur du
Brésil ; mais tous les individus qui ornent aujourd’hui
plusieurs cabinets de Paris ont été apportés
du Chili, et ne permettent point, jusqu’à ce
qu’on ait des notions plus certaines, de lui assigner
une autre patrie.
L ’oiseau-mouche patagón a été figuré pour la
première fois dans la Galerie du muséum, publiée
par MM. Vieillot et Oudart, sous le nom d’oiseau-
mouche géant ( trochilus gigas). L’individu représenté
dans la planche c l x x x de cet ouvrage
était une femelle ou peut-être un jeune mâle non
adulte. Le mâle, que nous devons au pinceau de
M. Bévalet, a sept pouces et demi de longueur
totale, depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité
des rectrices les plus extérieures. Sur cette
dimension, le bec a quinze lignes ; sa forme est
arrondie, entière, et un renflement assez développe
grossit insensiblement les deux mandibules
du cote de leur pointe. Par la coupe des ailes,
et par sa queue fourchue, comme par sa taille,
cet oiseau imiterait, à faire illusion, une hirondelle,
dont son long bec grêle le distingue aussitôt.
Les ailes se trouvent donc plus longues que
la queue de deux ou trois lignes au plus. Les
rémiges qui les composent sont recourbées, larges
et de couleur brune uniforme, légèrement irisées
en violet sur leur bord interne ; la première est
la plus longue, et les suivantes diminuent successivement
de longueur jusqu’à la dixième. La
queue n’est composée que de dix rectrices d’un
brun légèrement verdâtre et doré en dessus, et
d un brunâtre clair en dessous : les deux plus externes
ne sont marquées de brun verdâtre à reflets
qu’à leur partie terminale. Les cinq rectrices
de chaque côté diminuent de longueur, de ma