« ftuent; il se perche souvent, vole avec moins de
« vélocité, se repose à terre, languit et meurt. Les
« jeunes des tardives couvées sont exposés à ce
« malheur, et souvent en automne on les trouve
« dans cet état de dépérissement.
« La difficulté de se procurer ces jolis oiseaux
« sans en gâter le plumage a fait imaginer diffé-
« rentes manières pour les prendre : les uns les
« noient avec une seringue; d’autres les tuent avec
« un pistolet chargé de sable, et même, lorsqu’on
« est très près, l’explosion de la poudre est quel-
« quefois suffisante pour les étourdir et les faire
« tomber. Il est inutile de dire que le plomb le
« plus fin ne saurait être employé pour la chasse
« de ces petits oiseaux, car un seul grain les écra-
« serait et n’en laisserait que des débris. Comme
« ces moyens ont encore des inconvéniens, l’eau
« gatant les plumes, et le sable les faisant tom-
« ber, j ’ai eu recours à deux autres méthodes. J’ai
« employé avec succès le filet nommé toile d’arai-
« gnée, dont j ’entourais les arbrisseaux à un pied
« ou deux de distance. Cet oiseau fend l’air avec
«une telle rapidité, qu’il n’avait pas le temps
« d’apercevoir le filet, et s’y prenait aisément. Je
« me suis aussi servi d’une gaze verte en forme
« de filet à papillons; mais cette manière demande
« de la patience, et ne peut être employée que
« sur les plantes et les arbrisseaux nains. Il faut
«dailleurs se tenir caché; car, quoique l’oiseau
« se laisse approcher de très près, il n’en est pas
« moins méfiant ; et si un corps étranger lui porte
« ombrage, il quitte les fleurs, s’élève à environ
« un pied au dessus de la plante, y reste station-
« naire, fixe l’objet qui l’inquiète, et, après s’être
«assuré que sa crainte est fondée, jette un cri
« et disparaît. Pour avoir quelques succès dans
« cette chasse, il faut construire une petite niche,
« la plus basse possible, avec les plantes et les
« arbrisseaux voisins, et de là envelopper l’oiseau
« avec le filet de la meme maniéré que l’on prend
« les papillons.
«Enfin, ayant remarqué que souvent les oi-
« seaux-mouches se perchaient sur les branches
« seches des arbrisseaux, et voulant contempler
«au soleil, sur l’animal vivant, toute la beauté
« d’un plumage resplendissant de mille nuances
« dont la mort ternit l’éclat, j’insérais dans les
« fleurs des petites brochettes où ils venaient se
«percher. J’avais ainsi pendant une minute le
« plaisir de leur voir darder la langue dans les
«vases nectariferes, pour en aspirer un suc ap-
« proprié à la délicatesse de leurs organes.
« Cet oiseau place son nid sur les arbres et les
« arbrisseaux, et le compose avec un duvet brun
« qui se trouve sur le sumac, et le couvre à l’ex-
« térieur de lichens. Celui que j’ai conservé était