dis, chez les Péruviens et chez les Mexicains, à
faire des tableaux d’une rare beauté et d’une
grande fraîcheur, que Ximenez et les autres anciens
historiens des conquêtes espagnoles ne cessent
de louer. Leur corps entier, desséché et revêtu
de ses plumes, servait, dans les forêts du Brésil, de
parure aux jeunes Machakalis. Elles s’en formaient
des bandeaux ou les suspendaient à leurs
oreilles, et ces'parures naturelles égalaient, certes,
les pierres qu’avec tant d art taillent en facettes
les artistes des peuples civilisés. Combien ne devaient
point avoir d’attraits ces filles de la nature
vêtues de quelques grandes plumes d’aras rouges
ou bleues, les cheveux retenus par une guirlande
de fleurs rutilantes d’héliconia, le cou ou les
oreilles garnis de saphirs, d’émeraudes, de topazes,
empruntés aux oiseaux-mouches!
Les êtres qui nous occupent ont sans doute ,
comme tout ce qui existe, de nombreux ennemis ;
mais le plus cruel, le plus acharné paraît être cette
grosse et monstrueuse araignée velue, très commune
dans toute l’Amérique chaude, nommée par
les naturalistes araignée aviculaire. Tendant ses
filets aux alentours des nids d’oiseaux-mouches,
elle guette avec astuce l’époque où les petits éclosent
à la lumière ; elles chassent les père et mère
du nid ; sucent et dévorent leur progéniture ;
parfois même, lorsqu’elles surprennent ceux-ci,
elles leur font subir le même sort. Tel est le tableau
que représente Bucholz dans la planche V
de sa première décade.
Les fables les plus absurdes ont été propagées
sur les oiseaux-mouches. Leur petite taille, l’éclat
extraordinaire de leur plumage, ne parurent point
suffisans pour les rendre intéressans, il fallut y
joindre du merveilleux ; et c’est ainsi qu’on les a
dits moitié oiseaux, moitié mouches; que des ecclésiastiques
assurent les avoir vus naître d’une mouche,
etc. Le jésuite Molina, écrivain d’une Histoire
du Chili, erronée dans sa plus grande partie
s’exprime à leur sujet ainsi qu’il suit : « l^e&pigdas
« sont les oiseaux connus sous les noms depica-
« flors, oiseauxrmouches, et trûchilus de Linné.
« Ils sont très communs dans tout le Chili ; et
« pendant l’été on les voit bourdonner comme
i les papillons autour des fleurs ; mais ils ne s’y
« posent presque jamais. Leur chant n’est qu’un
« gazouillement très faible, proportionné à force
gane qui le produit. Les mâles se distinguent
« des femelles par le brillant de la tête, qui tire
« sur l’orangé; ils nichent sur les arbres, et leur
cc nid est construit avec de la petite paille et du
« duvet. Ils ne pondent que deux oeufs blancs,
« picotés de ja u n e, de la grosseur d’un pois
1 Essai sur l ’hist. nat. du Chili, trad. de l ’italien. Paris, 1789
p. 2a5 et 226.