placé dans l’ordre des oiseaux, au dernier degré
de l’échelle de grandeur, maxime miranda in
minimis; son chef-d’oeuvre .est le petit oiseau-
mouche ; elle l’a comble de tous les dons qu elle
n’a fait que partager aux autres oiseaux : légèreté,
rapidité, prestesse, grâce et riche parure,
tout appartient à ce petit favori. L emeraude, le
rubis, la topaze, brillent sur ses habits; il ne les
souille jamais de la poussière de la terre, et, dans
sa vie tout aérienne, on le voit a peine toucher
le gazon par instans ; il est toujours en 1 air, volant
de fleurs en fleurs ; il a leur fraîcheur comme
il a leur éclat : il vit de leur nectar,, et n’habite
que les climats où sans cesse elles se renouvellent.
» Plus bas il dit : «Les oiseaux-mouches
semblent suivre le soleil, s’avancer, se retirer
avec lui, et voler sur l’aile des zéphyrs à la suite
d’un printemps éternel. » Certes, rien n’égale la
magie du style qui peint avec un si rare coloris
la beauté des oiseaux-mouches, et cependant il
ne faudrait point prendre à la lettre une telle
description, car elle est entachée de plus d’une
erreur, comme on pourra s’en assurer dans le
cours de ces considérations sommaires.
Nulle part les espèces d’oiseaux-mouches ne
sont plus nombreuses, ne sont plus multipliées
que dans les vastes forêts du Brésil et de la
Guiane. Dans ces immenses solitudes , où la
nature étale à profusion un luxe imposant et majestueux;
là où des fleuves roulent leurs ondes
dans d’immenses bassins, où d’épaisses vapeurs
pompées par les rayons d’ün soleil brûlant et
rapproché fertilisent, fécondent et font éclore
une profusion de germes ; là où s’épanouissent
sans cesse de nouvelles fleurs, où les arbres
ne perdent jamais leur feuillage, vivent ces oiseaux
délicats, à l’abri des ennemis sans nombre
qui menacent leur existence, et qu’ils n’évitent
que par la prestesse de leurs brusques mouve-
mens. Dans ces forêts, filles des siècles, apparaissent
eà et là des clairières. Ce sont les endroits
que les oiseaux-mouches affectionnent, et où ils se
rendent de préférence pour butiner. Si cependant
sur le flanc d’un morne s’élève un grand arbre
d’érythrine, des eugenia, ou si des orangers
couverts de fleurs Croissent aux alentours des
cabanes, alors, attirés par leurs corolles, ils font
•de ces arbres leur rendez-vous, voltigent ou se
reposent à peiné quelques secondes sur les plus
grosses branches, ou le plus souvent se balancent
ou semblent immobiles devant ces fleurs. Rien ne
porte plus d’étonnement dans l’ame du voyageur
qui foule pour la première fois, et dans l’âge des
émotions, le sol des Amériques, que ces scènes
pittoresques et neuves qui s offrent ainsi a ses
regards. En pénétrant dans les forêts du Brésil