Un jeune homme, peu de jours avant son départ
de la Jamaïque ; pour l’Angleterre, surprit une
femelle de hausse-col vert, espèce commune à la
Jamaïque et à Saint-Domingue, qui couvait;
l’ayant prise, et désirant se procurer le nid sans
l’endommager, il coupa la branche sur laquelle il
était posé, et apporta le tout à bord du navire.
Cette femelle se familiarisa, et ne refusa point la
nourriture qui lui fut offerte ; elle vécut de miel, et
continua de couver avec une telle assiduité, que
les oeufs sont éclos durant le voyage ; mais elle
survécut peu à la naissance de ses deux petits,
qui arrivèrent vivans en Angleterre. Ils résistèrent
à l’influence du climat près de deux mois
chez lady Hamon, et étaient tellement familiers,
qu’ils venaient prendre leur nourriture sur les
lèvres de leur maîtresse. A ce fait intéressant
Latham en ajoute un second qui donne un moyen
ingénieux de conserver ces délicates créatures.
Le général Davies ayant pris plusieurs oiseaux-
mouches rubis adultes, était parvenu à les conserver
plus de quatre mois en vie, en les nourrissant
avec du miel ou du sirop, ou enfin avec
un mélange de sucre brut et d’eau qu’il plaçait
au fond des corolles de fleurs artificielles, faites
en forme de cloches, comme celles de certaines
campanules, imitées avec la plus grande perfection
possible. Enfin d’Azara rapporte que dom
Pedro de Melo de Portugal, gouverneur du Paraguay,
conserva pendant plusieurs mois un picaflor
pris adulte, et qu’il devint si familier, qu’il donnait
des baisers à son maître, ou voltigeait autour
de lui pour lui demander à manger. On le
nourrissait en lui donnant de temps à autre des
fleurs fraîches, et le plus ordinairement en lui
offrant du sirop dans un verre que l’on penchait
pour qu’il pût plus aisément l’atteindre. Cet intéressant
oiseau périt par la faute d’un domestique.
Il est facile de prendre des oiseaux-mouches en
se cachant dans les buissons, et les saisissant avec
un brusque mouvement lorsqu’ils bourdonnent
comme des sphinx devant une fleur, en se servant
d’un filet à papillons, plus large et plus longuement
emmanché que ceux qu’on emploie pour les
Lépidoptères. On doit rejeter la glu, qui gâterait
leur parure. Quelques voyageurs ont aussi
employé des sarbacanes, des fusils bourrés de
suif et remplis d eau, qui les étourdissent, etc. ;
mais dans nos excursions nous les avons toujours
tués au fusil simplement chargé avec de
très petit plomb, et en nous tenant à douze ou
quinze pas de distance. Cette méthode nous a
procuré des oiseaux nullement endommagés et
est la plus expéditive.
Les plumes des oiseaux-mouches servaient ja-
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