rita plus ce titre que Linné, malgré les erreurs
qu’on peut lui reprocher, et qui ressemblent à ces
légers nuages apparaissant sur un ciel d’azur),
Linné réunit les oiseaux-mouches et les colibris,
et leur donna, sans qu’on sache trop pourquoi,
le nom de trochilus, nom que portait chez les
Grecs un petit oiseau qu’on a cru être notre roitelet
, mais que le savant Geoffroy Saint-Hilaire a
prouvé à peu. près être le petit pluvier à collier
des rivages du Nil. Certes, aucun nom né serait
plus convenable pour désigner les oiseaux-mouches
que celui de suce-fleurs, qui serait la traduction
littérale du mot chupaftores consacré
par les Portugais établis au Brésil; mais les auteurs
systématiques postérieurs à Brisson l’ont
transporté à des cinnyris ou soui-mangas des
Indes orientales et d’Afrique, et à des philédons
de la Nouvelle-Hollande ; de sorte qu’on ne pourrait,
sans craindre de commettre des erreurs, se
servir d’une expression appliquée ainsi maladroitement
à plusieurs oiseaux différens. Voulant parer
à cet inconvénient, M.'le comte de Lacépède,
si connu comme le continuateur des travaux de
Buffon , leur donna, dans son Tableau publié
en 1799, le nom d’orthorhynques (orthorliyn-
chus) , qui signifie bec droit; mais, outre que ce
nom est trop long et trop peu en harmonie avec
les êtres qu’il doit rappeler à la mémoire, il a
aussi le grave inconvénient d’être beaucoup plus
convenable pour désigner un grand nombre
d’autres oiseaux. De toutes ces dénominations,
nous n’emploierons donc, dans le tableau scientifique
placé à la fin de cet ouvrage, que celle
d’ornismye, ornismya.
Les oiseaux-mouches se ressemblaient naguère
par la plus grande similitude dans leurs formes
corporelles et dans la richesse de leur parure.
De nouvelles espèces, connues dans ces derniers
temps, s’éloignent toutefois des caractères généraux
que présentent, la plupart d’entre elles ; et
c’est ainsi que le patagón diffère des autres oiseaux
mouches par sa grande taille, et par une
livrée sombre, brunâtre et sans éclat. Remarquables
par leur bec long, cylindrique, effilé en
deux pointes légèrement aiguës et renflées vers
l’extrémité, ces oiseaux en miniature se distinguent
en outre de tous les autres volatiles par
leurs très petites jambes que terminent trois
doigts dirigés en avant, et un pouce déjeté en
arrière, tous munis de très petits ongles. Ces
doigts sont d’une extrême délicatesse, et ne
seraient point propres à les soutenir pendant
long-temps sur les branches : aussi leur peu de
développement annonçe-t-il que leurs habitudes
ont été modifiées par cette organisation, et que
celles-ci doivent être tout aériennes ; car leur vie