ganisation. Cependant si tous s’unissent par des
rapports insensibles, il n’en est plus de même
lorsque, considérés isolément vers les extrémités
de la longue chaîne que leur réunion forme, ils
nê s’offrent plus qu’avec les singularités qui
particularisent chaque genre ou chaque espèce.
Quelle immense distance en effet entre cet aigle
audacieux dont les serres enlèvent une proie que
son bec robuste déchire toute vivante, et cet
oiseau-mouche à plumage d’or, dont le bec ne
sert qu’à sucer des sucs miellés au sein des fleurs,
et dont les pieds délicats ne semblent point faits,
par leur petitesseg pour le supporter sur les rameaux
des arbres ! A ces gallinacés épais et massifs,
à ces oiseaux riverains, montés sur de longues
jambes grêles, opposez ces manchots sans ailes et
à pieds palmés, ces paradisiers ornés de plumes
somptueuses, ces calaos et ces toucans a bec
énormément développé ; comparez, dis-je, à tous
ces êtres les volatiles qui nous occupent, et vous
aurez l’idée la plus vraie de la puissance qui partout
a répandu avec profusion la vie, sans vouloir
jamais qu’elle s’enveloppât des mêmes attributs
corporels.
Les oiseaux-mouches frappèrent d’admiration
les premiers voyageurs qui les observèrent dans
les contrées qu’ils habitent. L’extrême petitesse
de la taille de quelques uns de ceux dont on apporta
les dépouilles leur méritèrent le nom qu’ils
reçurent; car on les compara à de grosses mouches
avec d’autant plus de fondement qu’ils volent
sans cesse en bourdonnant, ou du moins en agitant
avec une telle rapidité leurs ailes, qu’il en
résulte un bruissement assez fort, et que tout
en eux rappelle, pour des observateurs inattentifs
, les allures des sphinx. Ces petits êtres étaient
donc ignorés des anciens, et ne furent connus
qu’à l’époque où le génie de Colomb agrandit le
monde d’une vaste étendue de terres. Tous les
oiseaux-mouches en effet vivent exclusivement
dans les zones chaudes et tempérées des deux
Amériques, mais surtout dans cette immense région
méridionale du nouveau continent, couverte
de forêts vierges, que réchauffe le soleil de l’équa-
teur. Ils ne quittent guère les tropiques; et si
quelques espèces s’aventurent soit au nord, soit
au sud, au delà des latitudes tempérées, ce n’est
jamais que pour des excursions de courte durée ;
car elles choisissent pour leur migration les beaux
jours d’été, et se rapprochent des tropiques lorsque
l’hiver les menace de ses rigueurs.
La première mention qui soit faite des oiseaux-
mouches dans les relations des aventuriers qui se
précipitaient vers l’Amérique, dans le but non
d’en étudier les productions, mais bien d’en recueillir
de l’or, date de 1558, et se trouve dans