
3 INTRODUCTION.
donne à ces oiseaux l'assise large dont ils ont besoin pour
soutenir leur corps épais lorsqu'ils sont perchés. Le doigt
intérieur de derrière, le plus court de tous, ne présente
qu'une seule phalange, tandis (pie l'extérieur en a quatre,
quoiqu'il soit un peu moins long que le grand doigt de devant
qui n'en a que trois. Chaque doigt est donc distingué
par le nombre de ses phalanges; le plus petit de derriere n'en
ayant qu'une, celui de devant qui lui correspond en ayant
deux, l'autre de devant trois, et enfin le second de derriere
quatre. Les tarses sont robustes et recouverts, ainsi que les
doigts, de larges écailles lisses. (Voyez la fig. A de notre
planche première.)
Le bec, grand chez tous les toucans, et même disproportionné
dans quelques especes, est remarquable en ce que les
os des mâchoires, qui, par leur prolongement, forment ce
que nous nommons les mandibules, au lieu dètre solides
comme chez tous les oiseaux en général, ne conservent ici
aucune force au-delà de la bouche, et semblent même ne
point se prolonger dans la partie cornée qui forme le bec:
de sorte que cette partie intérieure des mandibules des toucans
n'est réellement composée que d'une enveloppe mince,
diaphane, qui fléchit sous les doigts quand on la presse, et
dont la concavité est seulement remplie par des réseaux très
délicats, d'une substance osseuse, friable et cassante, qui, recouverte
seulement d'une gaine cornée, fort mince, donne au
bec une grande légèreté, sans laquelle ces oiseaux 11 auroient
sans doute pas eu la force d'en supporter le poids, attendu
qu'ils ne sont pas eux-mêmes très gros. Afin de rendre sensible
cette singularité, nous avons figuré un bec de toucan
du plus grand volume, et dont l'enveloppe cornée a été enlevée,
ce qui laisse voir toute la délicatesse du travail intérieur
INTRODUCTION. 5
des mandibules, qu'on croiroit être un ouvrage en filigrane.
(Voyez la fig- B de notre premiere planche.)
Le bec des toucans différé donc essentiellement de celui
des calaos, puisque ces derniers ont le leur doublé par le
prolongement des mâchoires, qui conservent leur solidité jusqu'au
bout de l'enveloppe cornée où elles pénetrent, et qu ils
n'ont que le casque qui soit en grande partie creux et ouvragé,
à-peu-près comme l'intérieur du bec des toucans (i). Ceux-ci
ont encore les os de la tête d'une nature plus légère que
les calaos, car nous avons trouvé que le bec et la tête dun
calao - rhinocéros de la plus forte taille pesoient ensemble
quatre onces, tandis que ceux du toucan nommé toco, et
qui a le plus grand bec dans son genre, pesent au plus une
once : le bec du premier n'a pourtant pas plus de deux fois
le volume de celui du dernier, quoique d'ailleurs la masse
respective du corps de ces oiseaux soit à-peu-près dans la
proportion d'un à quatre, le plus grand toucan pouvant équivaloir
au quart de la niasse du calao-rhinocéros. Les toucans
sont donc, par la difformité de leurs becs, plus monstrueux
encore que les calaos.
Ces oiseaux ont aussi la langue absolument différente:
elle est cartillagineuse, molle, triangulaire, très courte, et
placée dans le fond de la gorge chez les calaos ; chez les
toucans, au contraire, elle est seche, de la longueur du bec,
et frangée sur ses bords par de longues barbes qui imitent
si bien une plume, que plusieurs naturalistes n'ont pas craint
de dire que les toucans avoient une plume pour langue.
(Voyez fig. C, planche premiere.)
Les toucans ont le corps très charnu et massif, au lieu
(i) Voyez notre Histoire naturelle (les Oiseaux des Indes et de l'Amérique', où nous avons parlé des calaos.