3 8 HISTOIRE N A T U R E L L E.
pies sont aux col-beaux; ce que, parmi les calaos, les calaos sans casque
sont aux calaos casqués; ou encore ce que, dans le genre des perroquets,
les perruches sont aux perroquets proprement dits, etc. , etc. Les aracaris
étant au moral ce qu'ils sont au physique, comparés aux toucans, sont aussi
plus actifs que ces derniers, et n'ont pas comme eux l'air niais et stupide:
le regard est ici plus assuré, les mouvements sont plus prompts, le vol
est plus rapide; les aracaris franchissent même d'un seul trait un plus
long espace que les toucans, ce qui les fait aussi entreprendre des voyages
de plus long cours. Comme tons les toucans, du reste, l'aracari est frugivore,
et niche dans des creux d'arbres vermoulus.
" La distinction que nous avons faite entre les véritables toucans et les
aracaris avoit été pressentie par Buffon, quoique plusieurs méthodistes
avant lui eussent confondu ces oiseaux sous une même dénomination ;
erreur que Gmelin ne s'est pas contenté de partager, mais à laquelle il
est venu ajouter en plaçant même le momot dans le genre des toucans
et des aracaris, quoique* entre ceux-ci et le momot il n'y ait aucune analogie
de moeurs et de formes.
S'il étoit vrai, comme le dit Buffon , que les Brésiliens eussent appliqué
à ccs deux sortes d'oiseaux les noms de toucans et d'aracaris , comme
ceux de kararouima et de grigri leur auraient été donnés à la Guyane par
les naturels du pays, il serait certain que ces divers peuples auraient
observé entre ces oiseaux des différences marquées ; et cela viendrait à
l'appui de mon opinion sur les toucans e l l e s aracaris: mais il est bien
plus probable que ces noms s'appliquent, chez les Brésiliens et les naturels
de la Guyane, à quelques especes particulières, pareeque des sauvages ne
me paraissent pas susceptibles d'un degré d'intelligence tel qu'on puisse
les supposer avoir conçu les divisions par genres. L'observation que je
me permets ici est d'autant plus fondée, que Buffon lui-même, en décrivant
sa première espece d'aracaris, sous le nom de grigri, dit très
positivement qu'elle esl ainsi appelée à la Guyane, pareeque ce mot en
exprime à-peu-près le cri aigu cl bref. Ce nom n'est donc pas celui des
aracaris en général, mais bien celui d'une espece particulière d'aracaris,
comme le nom de koulik est celui de la seconde espece décrite par ce
naturaliste.
Nous allons passer aux différenls aracaris connus, auxquels même nous
avons la satisfaction de pouvoir ajouter une espece nouvelle, et plusieurs
belles variétés. Celle série formera le complément du genre entier, et
composera notre seconde division des toucans.