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 pies  sont  aux  col-beaux;  ce  que,  parmi  les  calaos,  les  calaos  sans  casque  
 sont  aux  calaos  casqués;  ou  encore  ce  que,  dans  le  genre  des  perroquets,  
 les  perruches  sont  aux  perroquets  proprement  dits,  etc. ,  etc.  Les  aracaris  
 étant  au  moral  ce  qu'ils  sont  au  physique,  comparés  aux  toucans,  sont  aussi  
 plus  actifs  que  ces  derniers,  et  n'ont  pas  comme  eux  l'air  niais  et  stupide:  
 le  regard  est  ici  plus  assuré,  les  mouvements  sont  plus  prompts,  le  vol  
 est  plus  rapide;  les  aracaris  franchissent  même  d'un  seul  trait  un  plus  
 long  espace  que  les  toucans,  ce  qui  les  fait  aussi  entreprendre  des  voyages  
 de  plus  long  cours.  Comme  tons  les  toucans,  du  reste,  l'aracari  est  frugivore, 
   et  niche  dans  des  creux  d'arbres  vermoulus.  
 "  La  distinction  que  nous  avons  faite  entre  les  véritables  toucans  et  les  
 aracaris  avoit  été  pressentie  par  Buffon,  quoique  plusieurs  méthodistes  
 avant  lui  eussent  confondu  ces  oiseaux  sous  une  même  dénomination ;  
 erreur  que  Gmelin  ne  s'est  pas  contenté  de  partager,  mais à  laquelle  il  
 est  venu  ajouter  en  plaçant  même  le  momot  dans  le  genre  des  toucans  
 et  des  aracaris,  quoique*  entre  ceux-ci  et  le  momot  il  n'y  ait  aucune  analogie  
 de  moeurs  et  de  formes.  
 S'il  étoit  vrai,  comme  le  dit  Buffon ,  que  les  Brésiliens  eussent  appliqué  
 à  ccs  deux  sortes  d'oiseaux  les  noms  de  toucans  et  d'aracaris ,  comme  
 ceux  de  kararouima  et  de  grigri  leur  auraient  été  donnés à  la  Guyane  par  
 les  naturels  du  pays,  il  serait  certain  que  ces  divers  peuples  auraient  
 observé  entre  ces  oiseaux  des  différences  marquées ;  et  cela  viendrait à  
 l'appui  de  mon  opinion  sur  les  toucans  e l l e s  aracaris:  mais  il  est  bien  
 plus  probable  que  ces  noms  s'appliquent,  chez  les  Brésiliens  et  les  naturels  
 de  la  Guyane, à  quelques  especes  particulières,  pareeque  des  sauvages  ne  
 me  paraissent  pas  susceptibles  d'un  degré  d'intelligence  tel  qu'on  puisse  
 les  supposer  avoir  conçu  les  divisions  par  genres.  L'observation  que  je  
 me  permets  ici  est  d'autant  plus  fondée,  que  Buffon  lui-même,  en  décrivant  
 sa  première  espece  d'aracaris,  sous  le  nom  de grigri,  dit  très  
 positivement  qu'elle  esl  ainsi  appelée à  la  Guyane,  pareeque  ce  mot  en  
 exprime  à-peu-près  le  cri  aigu  cl  bref.  Ce  nom  n'est  donc  pas  celui  des  
 aracaris  en  général,  mais  bien  celui  d'une  espece  particulière  d'aracaris,  
 comme  le  nom  de  koulik  est  celui  de  la  seconde  espece  décrite  par  ce  
 naturaliste.  
 Nous  allons  passer  aux  différenls  aracaris  connus,  auxquels  même  nous  
 avons  la  satisfaction  de  pouvoir  ajouter  une  espece  nouvelle,  et  plusieurs  
 belles  variétés.  Celle  série  formera  le  complément  du  genre  entier,  et  
 composera  notre  seconde  division  des  toucans.