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 ( N °  I 5 .)  
 T  i'espece  de  I'aracari  koulik  n'habite  pas  exclusivement  la  Guyane :  on  la  
 trouve  aussi  non  seulement  au Brésil,  mais  encore  au  Pérou,  où  elle  est  un  
 peu  différente  de  ce  qu'elle  est «à la  Guyane,  en  ce  qu'elle y  acquiert  des  
 couleurs  plus vives,  mieux  prononcées,  et qui,  sans  avoir  changé  de  nature,  
 ont  des  teintes  plus  foncées,  seule  différence  que  produise  le  climat;  car  il  
 n'agit  point  sur  les  formes  caractéristiques  et  propres  des  espeees  d'une  
 maniéré  assez  sensible  pour  opérer  en  elles  des  altérations  essentielles,  
 comme  l'ont  supposé  quelques  grands  naturalistes ,  d'après  les  rapprochements  
 qu'ils  ont  faits;  supposition  qui  conduiroit,  ainsi  que  je  l'ai  dit  ailleurs, 
  à  faire  conclure  que  les  différentes  espeees  d'un  même  genre  ne  
 scroicnt  toutes  que  des  variétés  d'une  d'entre  elles ;  et  un  pas  de  plus  nous  
 meneroit à  croire  qu'un  seul  oiseau  auroit  produit  tous  les oiseaux,  quelles  
 que  fussent  leurs  formes,  leurs  couleurs ,  etc.,  etc.  Rien  encore  n'a  donné  
 la  preuve  de  ces  grands  changements :  il  est  vrai  que  peu  d'observations  ont  
 été  faites à  cet  égard ; et  il  en  faudrait  beaucoup  pour  constater  de  tels  faits.  
 En  revanche  tout a prouvé jusqu'ici  le contraire : toutes  les espeees  d'oiseaux  
 que  j'ai  apportés  d'Afrique ,  et  qu'on  retrouve  dans  le  midi  aussi-bien  que  
 dans  le  nord  de  l'Europe ,  n'ont  subi  d'altération  que  dans  les  couleurs  quelquefois  
 plus  brillantes  dans  les  climats  plus  chauds.  J'ai  vu  aussi  un  grand  
 nombre  d'oiseaux  d'Egypte,  et  je  me  suis  convaincu  que  les  mêmes  espeees  
 dans  les  climats  froids  n'offraient  pas  la  plus  légere  différence  comparée  
 aux  premiers.  Le  paon ,  dont  l'espece  est  acclimatée  en  Europe  depuis  plusieurs  
 siecles ,  n'a-t-il  pas  conservé  non  seulement  ses  formes ,  mais  encore  
 ses  brillantes  couleurs ? pas  la  moindre  différence  entre  ceux  élevés  en  
 Russie ,  en  Hollande ,  en  France,  et  ceux  du  cap  de  Bonne-Espérance,  et  
 de  llnde  leur  pays  originaire. II  en  est  de  même  du  faisan  d'or  de  la  Chine,  
 qui  est  tout  aussi  beau  dans  le  nord  de  l'Europe  que  dans  son  pays  natal.  
 Mille  exemples  semblables  prouvent  qu'en  distribuant  dans  chaque  climat  
 les espeees  auxquelles  il  est  propre,  la  nature  n'a  pas  voulu  que  le  transport  
 que  nous  en  ferions  de  l'un à  l'autre  pour  notre  utilité  ou  notre  amusement