
 
        
         
		les yeux  m'a  paru  bleuâtre:  les  pieds  sont  couleur  de  plomb,  el  les  ongles,  
 jaunâtres.  L'espece  d'aracari  que  je  viens  de  décrire a  été  apportée  du  
 Brésil;  el  l'individu  dont  je  me  suis  servi  fait  partie  du  cabinet  de  feu le  
 citoyen  Bâillon ,  qui  eut la  bonté  de  me  l'envoyer  pour  le  faire connoître ;  
 car  aucun  naturaliste,  que  je  sache ,  n'en  avoit  encore  parlé.  
 Si  nous  terminons  ici  l'histoire  de  toutes  les  especes  de  toucans  qui  
 soient  parvenus à  notre  connoissance,  et  que  nous  avons  vus  et  bien  reconnus  
 dans  les  cabinets  d'histoire  naturelle,  ce  n'est  pas que  les  nomenclateurs  
 n'aient  fait  mention  de  plusieurs  autres  toucans  comme  autant  
 d'especes  différentes  de  toutes  celles dont  nous  avons  parlé ;  mais  j'estime  
 que  la  plupart  de  ces  prétendues  especes  ne le  sont  que  de  nom ,  et  que  
 chacune  d'elles  appartient à  l'une  ou à  l'autre  de  celles  que  nous  avons  
 décrites :  tels  sont,  par  exemple,  le cochitenacatl  et  le xochitenacatl  de  
 Fernandez,  que  Buffon  nomme  par  contraction cochicat  et hochicat.  Avec  
 un  peu  d'attention  on  voit  clairement  que  ces  deux  oiseaux  ne  peuvent  
 être  que  notre  aracari à  ceinture  rouge,  défiguré  dans  les  mauvaises  et  
 inintelligibles  descriptions  qu'en a  données  Fernandez,  et  que  tous  les  
 naturalistes  ont  copiées  sans  se  donner la  peine  d'en  apprécier  le  mérite;  
 ce  qui  abrégé  le  travail.  
 Quant à  l'alia-xochitenacatl,  décrit  par  Nieremberg,  et  dont  Buffon a  
 fait  son  aracari à  bec  noir,  avant  de prononcer  sur  cette  espece  il  faudroit  
 savoir  s'il  est  même  bien  vrai  qu'elle  appartienne  au  genre  toucan :  mais  
 comment  savoir  cela  lorsque  l'auteur  qui  est  censé  l'avoir  vu  ne  donne  
 aucun  des  caractères  de  cet  oiseau,  et  que  l'espece  de  description  qu'on  
 en a  publiée  ne  ressemble  sous  aucun  rapport à  rien  de  ce  qui  caractérise  
 les  toucans?  Ce  que  nous  venons  de  dire  de  cet  alia-xochîtenacatl  de  
 Nieremberg  on  peut  le  dire  de  l'aracari  bleu  de  Buffon,  que  Fernandez  
 a  décrit  le  premier  sous  le  nom  d'allera-xochitenacatl.  
 Plusieurs  naturalistes  parlent  encore  d'un  toucan  blanc;  mais  ce  toucan  
 forine-t-il  une  espece,  ou  n'est-il  qu'une  variété  d'une  espece  connue?  Et  
 dans tous  les  cas pourquoi  ceux  qui  ont vu cet  oiseau  ne  donnent-ils  aucun  
 détail  sur sa  taille,  la  forme  de  son  bec,  etc.?  on  ne  dit  pas  même  où  on  
 l'a  vu,  ni  si  c'est  un  toucan  ou  un  aracari;  rien  enfin,  sinon  qu'il  est  tout  
 blanc;  descriptions  insignifiantes  qui  laissent  subsister  tous  les  doutes  sur  
 l'existence  d'une  telle  espece  d'oiseau.  
 Sonnini,  dans sa  nouvelle  édition  de  Buffon,  indique,  d'après  un  catalogue  
 de  vente  d'une  collection  d'oiseaux  faite à  Montpellier,  un  toucan  
 à  gorge bleue  qu'il y a vu figurer. Il me semble qu'il auroit  fallu voir  l'oiseau  
 avant  d'en  parler,  ou  tout  au  moins  avoir  une  autorité  un  peu  plus  fondée  
 que  celle  d'une  liste  d'oiseaux  qu'on  met  en  vente.  Il  seroit  prudent  aux  
 naturalistes  d'être  quelquefois  plus  réservés. Si  les  especes  de toucans  que  
 nous  contestons  ici  existent,  on  les  trouvera  sans  doute,  et  nous  les  connoitrons  
 un  jour :  mais je  serois  bien  plus  porté à  croire  qu'on  ne  les  verra