
barbu d'après un très bel individu parfaitement bien conservé que j'ai vu
à Madrid chez M. Davila, et qui avoit été envoyé du Pérou.
Les caractères de cet oiseau sont absolument semblables à ceux des
autres barbus du nouveau monde. Le bec est fort, uni sans échancrure
absolument aucune ; les ailes sont courtes, et la queue est étagée dans
les trois pennes les plus latérales de chaque côté, les quatre du milieu
étant égales entre elles ; ce que Brisson avoit bien vu aussi. Le devant de la
tête et la gorge sont d'un rouge vif, et les plumes de ces parties sont rudes
comme chez les autres barbus qui ont ces mêmes parties rouges. Les
joues, dans ce qui est compris entre le coin de la bouche et les oreilles,
sont d'un beau bleu d'outre-mer, qui, dans les endroits où il touche au
rouge de la gorge et du devant de la tête, prend un ton violacé; cette
plaque bleue, dont la forme se trouve être triangulaire, jette de chaque
angle de sa base une bande bleue, dont l'une termine sur l'occiput le
rouge de la tête, et l'autre frange le bas de celui de la gorge; ce qui produit
l'effet le plus agréable. L'occiput, le derriere du cou , le manteau , les
ailes et leurs couvertures, le croupion, les couvertures du dessus de la
queue, le dessus de celle-ci, tout le dessus de l'oiseau enfin est d'un verd
brillant semblable à celui des barbus des Indes. Le bas du devant du cou
et la poitrine sont d'un jaune jonquille, auquel succédé une large plaque
rouge, qui couvre en forme de plastron le milieu du sternum ; le ventre,
les flancs, le bas-ventre, et les couvertures du dessous de la queue, sont
d'un blanc jaunâtre, avec des traits verdâtres et pointus sur le milieu des
plumes de ces parties. Les couvertures du dessous des ailes sont d'un
jaune foible ; leurs premieres pennes sont brunes, les autres sont extérieurement
du même verd que le dos, brunes vers leurs tiges, puis blanc
jaunâtre; de sorte que le milieu du revers des ailes est de cette derniere
teinte. Le bec est entièrement couleur de plomb, à l'exception de la pointe
et du bord des tranches qui en sont jaunes; les pieds sont aussi couleur de
plomb. Tel est exactement ce bel oiseau que Buff'on a trouvé assez difficile
à décrire pour renvoyer tout simplement le lecteur à la figure qu'il en a
donnée. 11 est vrai que les descriptions très détaillées d'oiseaux prêtent
peu à l'élégance du style ; et Buffon tenoit sans doute trop à cet avantage
pour le sacrifier à tout autre : pour moi, qui ne l'ai jamais ambitionné, j'ose
espérer que mon exactitude fera pardonner à la simplicité de mes écrits.
J'ai cru devoir changer les dénominations de beau lamatia et de barbu
des Maynas, données à I'espece du barbu de cet article, en celle de barbu
élégant, puisqu'en effet cet oiseau n'est pas un tamatia, et qu'il se trouve
ailleurs qu'aux Maynas ; il ne faut pas , autant que cela est possible, que les
dénominations viennent favoriser des erreurs déjà trop faciles à commettre.