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 PREMIERE  V A R I É T É  DE  L ' A R A C A R I A  C E I N T U R E  ROUGE.  
 ( N °  M .)  
 O u  reconnoît  au  premier  coup-ci'oeil  que  cet  oiseau  n'est  qu'une  variété  
 de  l'espece  précédente,  dont il  différé par  une  seconde  ceinture  plus  étroite  
 que  la  premiere,  qui  lui  traverse  la  poitrine,  et  dont  la  couleur  est  noire.  
 A  cela  près ,  tout  est  semblable ,  forme  et  couleurs.  Cet  individu a  été  
 apporté  du  Pérou,  et  fait  partie  du  superbe  cabinet  de  M.  de  Raye  de  
 Breuklervaert, à  Amsterdam.  
 Il  scroit  sans  doute  intéressant  de  savoir  si  dans  cette  contrée  tous  les  
 individus  de  cette  espece  ont  comme  celui-ci  une  double  ceinture,  ou si  
 celle  qu'ils  ont  de  plus  que  notre  Aracari à  ceinture  rouge  n'y  est  que  
 pour  le mâle  un  caractère  qui  le  distingue  de  sa  femelle,  ou  bien  encore  s'il  
 ne  faudrait  pas  regarder  cette seconde  ceinture  comme  une  de ces  variations  
 accidentelles,  passageres,  et  momentanées,  telles  qu'on  en  observe  parmi  
 tant  d'autres  especes  d'oiseaux.  Les  renseignements  seroient  ici  d'autant  
 p|us  utiles,  qu'ils  nous  éclairciroicnt  un  point  d'histoire  naturelle  qu'il  importerait  
 beaucoup  d'approfondir ;  j'entends  des  variations  que  la  différence  
 des  climats  qu'elle  habite  peut  faire subir à une  même  espece,  ce  sur  
 quoi  nous  n'avons  encore  que  de  foibles  apperçusou  même  que  des  conjectures  
 hasardées.  Le  génie  créateur  de  Buffon  suppose  ces  variations  tellement  
 considérables,  qu'il  lui  arrive  quelquefois  de  donner  comme  variété  
 d'une  espece  un  oiseau  d'un  genre  différent ;  mais  nous  avons  eu si  souvent  
 occasion  de  relever à  cet  égard  les  erreurs  de  ce  grand  naturaliste,  et  
 même  de  prouver  que  ces  variations  attribuées à  la  différence  des  climats  
 étoient  nulles  pour  ceux  du  midi  de  l'Afrique  et  du  nord  de  l'Europe  comparés, 
   que  nous  n'y  reviendrons  pas  ici.  Cette  dernierc  observation,  quoiqu'elle  
 ne  puisse  pas  être  donnée  pour  la  preuve  d'une  loi  générale ,  c'est-àdire  
 qu'on  ne  puisse  pas  conclure  du  midi  de  l'Afrique  et  du  nord  de  l'Europe  
 pour  tous  les  climats  du  globe ,  emporte  cependant  une  forte  présomption  
 contre  des  variations  supposées si  grandes,  qu'elles  auraient  entièrement  
 dénaturé  les  formes  et  les  couleurs.