et paralysées que tout mouvement étoit interdit au pauvre animal. — Je
me transportai de nouveau sur les lieux où j'avois pris mes cinq barbus
pour examiner la cellule d'où je les avois tirés, et j'y fus convaincu,
par beaucoup de débris d'insectes et une quantité prodigieuse de noyaux
entassés des fruits que mangent cès oiseaux, que depuis long-temps le
barbu caduc étoit nourri par les quatre autres. Ce fait intéressant pour
l'histoire ornithologique, les naturalistes me sauront peut-être quelque
gré de l'avoir rapporté; ajouté à ce que nous connoissions déjà des soins
que les vieux oiseaux donnent aux jeunes de leur espece lors même
qu'ils n'en sont pas les pere et mere, il prouve invinciblement l'existence
d'un sentiment de bienveillance naturelle chez les volatiles.
On ne se refusera pas sans doute à reconnoitre pour appartenir à
l'espece cle barbu que nous surnommons à gorge noire, le barbu varié
dont il est question dans cet article. Il est bien vrai que ses couleurs sont
tellement détériorées qu'il semble différer totalement sous ce rapport
des autres individus de cette espece; mais, d'après ce que nous avons
déjà dit sur la détérioration des couleurs des oiseaux à cet âge où ils
perdent la faculté de renouveler leurs plumes, celles-ci changent de
nuance : or, en examinant avec attention le barbu que nous avons figuré
en tête de cet article, on verra que le rouge du dessus de la tête de l'oiseau
est devenu jaune , le noir de la gorge et du fond général du plumage
brun, et qu'enfin le jaune a blanchi; effets très naturels de la dégradation
de ces mêmes couleurs, et si naturels, que je suis persuadé qu'un
barbu empaillé dans son état parfait (tel que nous l'avons représenté en
son lieu), et qui auroit vieilli dans un cabinet très éclairé, se trouveroit
par toutes ses couleurs absolument semblable à notre barbu dans la
caducité. C'est aussi à cette grande différence qui existe entre des individus
bien conservés d'une espece, et d'autres individus de celte espece
mal préparés, et qui auraient vieilli dans des collections, que je dois le
reproche que me font quelques ignorants, ou quelques intéressés, de
publier des oiseaux plus beaux qu'ils ne seraient dans l'état naturel. J'ai
invité plus d'une fois ces beaux diseurs à venir s'assurer chez moi que,
quoique les figures que je publie soient sans doute fort belles, elles sont
encore au-dessous des objets qu'elles représentent; mais ils se gardent
bien de venir ! . . .