4 INTRODUCTION.
que les calaos l'ont efflanqué et maigre : ils n'ont point de cils
autour des paupières ; mais les yeux sont placés comme ceux
des calaos dans une peau nue, épaisse, et dont la couleur
varie suivant les especes. Tous les toucans ont les mandibules
dentelées sur leur tranchant, et les ailes si courtes,
que dans l'état de repos elles ne dépassent presque pas le
croupion : leur queue est composée de dix pennes à-peu-près
d'égale longueur. Les narines sont placées à la naissance du
front d'eriiere la mandibule supérieure, et tellement cachées
qu'on ne les voit pas, et que quelques naturalistes ont cru
que ces oiseaux en étoient dépourvus : elles n ont pas de
communication avec la partie creuse de la mandibule supérieure,
quoique leur position semble indiquer le contraire;
au moins est-il certain qu'elles ne pénètrent que de deux
ou trois lignes dans une espece de tambour osseux, creux
et rond, qu'on apperçoit comme deux petites boules placées
l'une à côté de l'autre près de la tête dans l'intérieur de la
partie supérieure du bec.
Les toucans différent encore des calaos dans la manière
de se nourrir, car ils sont purement frugivores, tandis que
les calaos se nourrissent d'insectes, et sont même carnivores.
Il est vrai que, dans l'état de domesticité, on est parvenu
à former à ces oiseaux de nouveaux goûts; mais nous l a -
vons égard, en donnant l'histoire des animaux, quà cequils
sont dans leur état de nature, et non à ce qu'ils ont pu
devenir par les habitudes qu'on les a forcés de prendre en
les privant de ce qui leur convient le mieux.
Les toucans fréquentent les forêts de haute-futaie, où ils
nichent dans des trous d'arbres creux et vermoulus, qui ne
manquent pas dans leur pays, où les arbres mourant ordinairement
de vieillesse, ils ne sont pas obligés de percer eux-
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mêmes leur retraite à coup de bec comme on l'a dit d abord,
et ensuite démenti, par rapport à la courbure de la pointe de
leurs mandibules. La vérité est qu'aucun oiseau, pas même
les plus grands pics, n'ont la faculté de percer un arbre sam;
mais que, sachant en reconnoitre les parties pourries, ils
peuvent facilement agrandir leur demeure sans y employer
des moyens extraordinaires : ainsi les toucans ont le même
instinct, et n'ont pas besoin de chasser les pics pour s approprier
leurs trous. On trouve, au reste, dans toutes les forêts
des arbres creux par -vétusté, sans qu'aucun oiseau ait pris
la peine de les perforer. Les larves des scarabés commencent
enfin l'ouvrage, le temps l'acheve, et les oiseaux, dont le
naturel est de se cacher, savent en profiter.
Les toucans volent pesamment en rentrant le cou entre
leurs épaules, et ils marchent en sautant: leur bec, quoique
gros, a si peu de force qu'ils ne sauroient faire de mal en
pinçant; ils peuvent pourtant couper et ouvrir les fruits mous,
dont ils avalent les morceaux après les avoir jetés en lair
pour les recevoir ensuite très adroitement et les englober
dans leur large gosier en ouvrant beaucoup le bec. Lorsqu'ils
sont perchés, ils se tiennent presque perpendiculairement,
ayant le bec tout-à-fait couché sur la poitrine; et quoiquen
général ils soient d'une gravité remarquable, et que tous leurs
mouvements soient pesants et maussades, ils ne laissent pas
d'être turbulents, et très habiles à sauter de branche en
branche. Ils se réunissent en petites troupes, et se tiennent
sur le sommet des plus grands arbres, et de préférence sur
les branches mortes, d'où on les entend pousser des cris
rauques , ou quelquefois faire un sifflement particulier pour
s'entr'appeler.
Les toucans enfin ne s'éloignent pas beaucoup de la cou