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 que  les  calaos  l'ont  efflanqué et maigre :  ils  n'ont  point  de  cils  
 autour  des  paupières ;  mais  les  yeux  sont  placés  comme  ceux  
 des  calaos  dans  une  peau  nue,  épaisse,  et  dont  la  couleur  
 varie  suivant  les  especes.  Tous  les  toucans  ont  les  mandibules  
 dentelées  sur  leur  tranchant,  et  les  ailes  si  courtes,  
 que  dans  l'état  de  repos  elles  ne  dépassent  presque  pas  le  
 croupion :  leur  queue  est  composée  de  dix  pennes  à-peu-près  
 d'égale  longueur.  Les  narines  sont  placées à  la  naissance  du  
 front  d'eriiere  la  mandibule  supérieure,  et  tellement  cachées  
 qu'on  ne  les  voit  pas,  et  que  quelques  naturalistes  ont  cru  
 que  ces  oiseaux  en  étoient  dépourvus :  elles n ont  pas  de  
 communication  avec  la  partie  creuse  de  la  mandibule  supérieure, 
   quoique  leur  position  semble  indiquer  le  contraire;  
 au  moins  est-il  certain  qu'elles  ne  pénètrent  que  de  deux  
 ou  trois  lignes  dans  une  espece  de  tambour  osseux,  creux  
 et  rond,  qu'on  apperçoit  comme  deux  petites  boules  placées  
 l'une à  côté  de  l'autre  près  de  la  tête  dans  l'intérieur  de  la  
 partie  supérieure  du  bec.  
 Les  toucans  différent  encore  des  calaos  dans  la  manière  
 de  se  nourrir,  car  ils  sont  purement  frugivores,  tandis  que  
 les  calaos  se  nourrissent  d'insectes,  et  sont  même  carnivores.  
 Il  est  vrai  que,  dans  l'état  de  domesticité,  on  est  parvenu  
 à  former à  ces  oiseaux  de  nouveaux  goûts;  mais  nous  l a - 
 vons  égard,  en  donnant  l'histoire  des  animaux,  quà  cequils  
 sont  dans  leur  état  de  nature,  et  non à  ce  qu'ils  ont  pu  
 devenir  par  les  habitudes  qu'on  les a  forcés  de  prendre  en  
 les  privant  de  ce  qui  leur  convient  le  mieux.  
 Les  toucans  fréquentent  les  forêts  de  haute-futaie,  où  ils  
 nichent  dans  des  trous  d'arbres  creux  et  vermoulus,  qui  ne  
 manquent  pas  dans  leur  pays,  où  les arbres  mourant  ordinairement  
 de  vieillesse,  ils  ne  sont  pas  obligés  de  percer  eux- 
 1NTRODUCTION. 5  
 mêmes  leur  retraite à  coup  de  bec  comme on  l'a dit d abord,  
 et ensuite  démenti,  par  rapport à  la  courbure  de  la pointe  de  
 leurs  mandibules.  La  vérité  est  qu'aucun  oiseau,  pas  même  
 les  plus  grands  pics,  n'ont  la  faculté  de percer  un  arbre  sam;  
 mais  que,  sachant  en  reconnoitre  les  parties  pourries,  ils  
 peuvent  facilement  agrandir  leur  demeure  sans y  employer  
 des  moyens  extraordinaires :  ainsi  les  toucans  ont  le  même  
 instinct,  et  n'ont  pas  besoin  de  chasser  les  pics  pour s approprier  
 leurs  trous.  On  trouve,  au  reste,  dans  toutes  les  forêts  
 des  arbres  creux  par  -vétusté,  sans  qu'aucun  oiseau  ait  pris  
 la  peine  de  les  perforer.  Les  larves  des  scarabés  commencent  
 enfin  l'ouvrage,  le  temps  l'acheve,  et  les  oiseaux,  dont  le  
 naturel  est  de  se  cacher,  savent  en  profiter.  
 Les  toucans  volent  pesamment  en  rentrant  le  cou  entre  
 leurs  épaules,  et  ils  marchent  en  sautant:  leur  bec,  quoique  
 gros, a  si  peu  de  force  qu'ils  ne  sauroient  faire  de  mal  en  
 pinçant;  ils peuvent  pourtant  couper  et  ouvrir  les fruits  mous,  
 dont  ils  avalent  les  morceaux  après  les  avoir  jetés  en  lair  
 pour  les  recevoir  ensuite  très  adroitement  et  les  englober  
 dans  leur  large  gosier  en  ouvrant  beaucoup  le  bec.  Lorsqu'ils  
 sont  perchés,  ils  se  tiennent  presque  perpendiculairement,  
 ayant  le  bec  tout-à-fait  couché  sur  la  poitrine;  et  quoiquen  
 général  ils  soient  d'une  gravité  remarquable,  et  que  tous  leurs  
 mouvements  soient  pesants  et  maussades,  ils  ne  laissent  pas  
 d'être  turbulents,  et  très  habiles à  sauter  de  branche  en  
 branche.  Ils se  réunissent  en  petites  troupes,  et  se  tiennent  
 sur  le  sommet  des  plus  grands  arbres,  et  de  préférence  sur  
 les  branches  mortes,  d'où  on  les  entend  pousser  des  cris  
 rauques , ou  quelquefois  faire  un  sifflement  particulier  pour  
 s'entr'appeler.  
 Les  toucans  enfin  ne  s'éloignent  pas  beaucoup  de  la  cou