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 (N°  38. )  
 IL  suffit d'un premier coup  d'oeil pour juger  que  le  bec  alongé  de cet oiseau,  
 ses formes,  et  la  callosité du tour  de ses yeux,  ne  nous permettent  pas  de  le  
 placer parmi  les barbus  proprement  dits,  et  que  nous  devons  le  considérer  
 à  part,  non  cependant  comme  entièrement  étranger à  ces  derniers,  de  la  
 nature  desquels il  participe  indubitablement,  mais  comme  espece  intermédiaire  
 des  barbus  proprement  dits  et  destamatias,  dont  il  tient  aussi,  
 nous  osons  même  dire  plus  que  de  ceux-là;  de  sorte  que si  l'on  vouloit  
 absolument  l'admettre  avec  les uns  ou avec  les  autres,  il  faudrait  au  moins  
 en  faire  un  tamatia  plutôt  qu'un  barbu;  car  les  tamatias  ont comme  lui  le  
 bec  plus  long  que  les  vrais  barbus,  et n'ont  pas plus que  lui  du  rouge  sur  la  
 tête.  Quant a  nous,  nous  sommes  d'autant  plus  déterminés à  donner  cet  
 oiseau  pour  espece  intermédiaire  des  deux  familles,  que si  dans  la  suite  
 on venoit à trouver  d'autres  especes  qui  eussent  des  analogies  avec  celles-ci  
 (ce  qui  est  très  probable),  on  pourrait  former  de  toutes  ces  especes  un  
 groupe  ou  une  famille  dont  le kottoréa  serait le  premier  membre  que  nous  
 aurions  connu.  Le  meilleur  moyen  de  parvenir à  avoir  une  idée  de  l'ensemble  
 des  êtres,  c'est  de  les  considérer  dans  les  rapports  qu'ils  ont  ou  
 qu'ils  n'ont pas  les  uns  avec  les  autres,  et  de  les  mettre à leur  place,  isolés,  
 en  groupes,  ou  en  familles qui se  lient à  la  masse  générale.  
 L'oiseau  dont  nous  faisons  le  sujet  de  cet  article  se  trouve  dans  une  
 grande  partie  de  l'Inde,  et à Ceylan,  où  les  naturels  du  pays  lui  donnent,  
 à  cause  de  son  ramage  plaintif,  le  nom  de  kottoréa,  que  nous  lui  conservons  
 de  préférence à  tout  autre.  Cette  même  espece  ayant  été  décrite  
 diversement  par  les  naturalistes,  elle figure  aujourd'hui  dans  les  nouvelles  
 ornithologies  sous  quatre  noms  différents,  et désignant  chacun  une  espece  
 bien  distincte  des  autres ;  d'abord  dans  Buffon  sous  celui  de barbu verd,  
 plane,  enl., n° 870.  Latham,  ayant  trouvé  dans  la  collection  de  dessins  de  
 lady  Impey  ce  même  oiseau,  auquel  on  avoit  peint  en  rouge  la  partie  nue  
 qu'il a autour des yeux,  en a  fait une  seconde  espece,  que  Sonnini a  donnée  
 dans sa  nouvelle  édition  de  Buffon  comme  une  variété  du  grand  barbu.  
 Le  barbu à  masque  roux  de  Sonnini,  donné  aussi  d'après  Latham,  est  
 encore le  même  oiseau,  qu'il  décrit  enfin  une  quatrième  fois,  d'après  
 Brown  et  Pennant,  sous le  nom  de  kottoréa.  Or,  voilà  le  danger  des