
 
        
         
		L E  T O C A R D .  
 (  N°  9- )  
 CET  oiseau,  dont  on  ne  trouve  ni  la  description  ni  la  figure  dans  aucun  
 auteur,  forme  une  espece  absolument  nouvelle,  inconnue  aux  naturalistes,  
 et  qu'il  seroit  impossible  de  placer  ailleurs  que  dans  le  genre  des  toucans  
 proprement  dits ;  car  il  en a  les  formes  et  tous  les  caractères ,  c'est-àdire  
 la  queue  arrondie,  la  langue  cartillagineuse,  plate,  et  barbée  comme  
 une  plume,  les  pieds  épatés,  le  tarse  gros,  les  doigts  réunis  deux à  deux,  
 et  couverts  de  larges  écailles,  les  ailes  courtes,  et  enfin  les  narines  cachées  
 sous  le  bourrelet  que  forme  sur  le  front  la  mandibule  supérieure.  Les  
 couleurs  de  son  plumage,  et  leur  distribution,  le  feroient  même  prendre  
 au  premier  coup-d'oeil  pour  une  variété  de  l'espece  du  tocan,  avec  la  
 femelle  duquel  il a  quelque  ressemblance  par  la  blancheur  de  tout  le  
 devant  de  son  cou ;  mais  dont  il  différé  par  la  couleur  des  couvertures  
 du  dessus  de  la  queue,  qui  sont  rouges  ici,  tandis  que  celles  de  cette  
 femelle  sont  jaunes  comme  celles  de  son  mâle:  mais  il  différé  encore,  
 spécifiquement  et  d'une  maniéré  frappante ,  non  seulement  du  tocan,  
 mais  même  de  tous  les  autres  toucans ,  par  la  forme  et  les  couleurs  de  
 son  bec,  long  de  cinq  pouces  et  demi,  arrondi  sur  ses  côtés,  ainsi  que  
 sur  son  arête  arquée  en  faulx,  et  dont  les  mandibules  sont  dentelées  sur  
 leurs  tranches,  et à  pointes  mousses:  tandis  que  les  toucans,  que  nous  
 avons  décrits  ailleurs,  ont  tous  le  bec  plat  sur  ses  côtés,  et  une  bande  
 plus  ou  moins  large à  la  base  des  mandibules ; caractères  indélébiles  qu'on  
 retrouve  dans  tous  leurs  individus  des  deux  sexes  et  de  tout  âge,  et  qui,  
 manquant  totalement  i c i ,  doivent  nécessairement  faire  du  tocard  une  
 espece  particulière :  c'est  aussi  ce  qui  nous a  déterminés à  donner à  cet  
 oiseau  un  nom  propre  qui  le  distinguât  de  tous  les  autres  toucans  connus.  
 Si  des  formes  nous  passons  aux  couleurs  de  son  bec,  et à  leur  distribution  
 ,  nous y  remarquerons  des  différences  non  moins  sensibles  que  
 dans  les  premieres  avec  celles  de  cette  partie  dans  ses  congénères.  La  
 mandibule  inférieure  du  bec  du  tocard  est  tout  entiere  d'un  brun  verdâtre  
 uniforme,  tandis  que  la  supérieure  se  trouve  partagée  de  chaque  côté,  et  
 diagonalement,  en  deux  parties  presque  égales,  dont  l'une  est  jaune,  et  
 l'autre  du  même  brun  verdâtre,  par  une  ligne  noire  qui  descend  de  la  
 hauteur  des  narines  jusqu'à  la  tranche  de  cette  mandibule.  L'intérieur  du