18 H I S T O I R E N A T U R E L L E D E S T O U C A N S,
d'un noir glacé de gris dans ses reflets, de même que toutes leurs plumes
de recouvrement. La queue est large, arrondie à son extrémité , et du
même noir que les ailes. Enfin les écailles des tarses et des doigts sont
d'un noir glacé de gris , et les ongles absolument noirs.
Cette especc se trouve au Pérou : j'en ai vu un bel individu dans le
cabinet de madame Montreuil , à Paris ; j'en ai vu un autre chez le
citoyen Borelly, et un troisième dans la belle collection de Mauduit.
Buffon parle d'un toucan à ventre rouge qu'il n'a jamais vu , et dont
il fait sa troisième espece, mais qu'il ne décrit que d'après les nombreux
auteurs qui, avant lui, en avoient fait mention : quoiqu'il soit assez difficile
de déterminer ici si le toucan de cet article est ou n'est pas de cette
espece, cependant, en prenant à la lettre la description de Buffon, nous
ne pouvons que pencher pour la négative , car notre toucan à ventre
rouge n'a pas la poitrine d'une belle couleur d'or avec du rouge au-dessus,
c'est-à-dire sous la gorge ; le jaune est au contrai. 2 en haut, et le rouge
en bas : il n'a pas non plus le ventre et les jambes d'un rouge vif, ainsi
que l'extrémité de la queue ; ces parties sont au contraire noires. Au reste
Thevet, qui le premier a parlé de cet oiseau, est si peu exact dans ses
descriptions, qu'il est facile de voir qu'il n'en donne pas une seule de
faite d'après nature ; ce qui n'a empêché aucun de nos ornithologues de
les reproduire toutes dans leurs ouvrages. C'est ainsi, je le répété encore,
que l'histoire des oiseaux s'est encombrée d'une multitude d'especes purement
nominales, qu'on ne sait rapporter aujourd'hui à aucune de celles
que nous connoissons. Il est donc très vraisemblable que ce toucan à
ventre rouge de Thevet est notre toucan à ventre rouge; mais qu'il n'exista
jamais tel qu'il le dépeint par les couleurs : et de plus n'assigne-t-il pas
au bec la longueur du corps. Disproportion extravagante que nous ne
voyons pas même, à beaucoup près, clans le toco, de tous les oiseaux
connus de ce genre celui qui a le bec le plus extraordinairement grand.
L'exagération, la négligence et la plus grande inexactitude caractérisent
au reste tous les rapports des anciens naturalistes sur les objets qu'ils ont
décrits ; de sorte qu'il n'est pas possible de les consulter sans courir le
risque de s'égarer soi-même.