que les coucous couvassent leurs oeufs, ni qu'ils élevassent leurs petits,
les coucous pondent dans le nid des autres oiseaux, et les autres oiseaux
couvent les oeufs des coucous, et élèvent les jeunes coucous. Mais ne
croyons pas que le coucou dépose son oeuf dans le premier nid qu'il
trouve : il sait que, ne mangeant pas lui-même de graines, ses petits
n'en mangeraient pas non plus ; il choisira donc un nid qui convienne
à ses petits, le nid d'un oiseau qui vit d'insectes : la nature lui a appris
que s'il laissoit ses oeufs dans le nid d'un ramier ou d'une tourterelle,
ceux-ci 11e donneroient que des graines à ses petits; et que s'il les déposoit
dans celui d'un épervier ou d'un émerillon, ils seraient mangés.
Savants qui donnez la raison et qui savez le pourquoi de tout, il y a
là de quoi exercer votre entendement pendant des siecles !
Nous avons dit plus haut que dans l'espece du barbu à gorge noire les
vieux avoient beaucoup d'attachement pour leurs petits ; nous avons aussi
beaucoup d'exemples qui prouvent que cette affection naturelle à tous les
êtres va plus loin chez les oiseaux que chez les autres, et qu'on l'y trouve
même dans chaque individu pour toute son espece; car nous voyons, par
exemple, des vieux moineaux étrangers à des jeunes qu'on a enlevés du
nid paternel, leur apporter à manger à travers les barreaux de leur cage;
on a même vu cela entre des vieux moineaux dont les uns se trouvoient
enfermés et manquoient de nourriture. J'ai aussi la preuve que la reconnoissance
est propre aux oiseaux; et à cet égard le barbu à gorge noire nie
fournit une anecdote qui mérite d'être rapportée, et dont je ferai le sujet
de l'article suivant. Nous y verrons que chez les animaux il existe des
sentimens naturels de bienveillance qui feraient rougirl'espece humaine,
si l'on ne savoit que ce n'est qu'au mépris des lois de la nature que les
hommes doivent la plupart leurs institutions sociales, cause de tous leurs
vices.