L E J A C A M A R A L O N G U E QUEUE-
(N° 5A.)
Tous les naturalistes ayant désigné cette espece par la longueur de sa
queue, nous avons adopté le nom qu'ils lui ont donné, et sous lequel elle
est le plus généralement connue. Plus fort de taille que tous les autres
jacamars d'Amérique que nous connoissions encore, celui-ci s'en distingue
en outre par l'étagementet la longueur de sa queue, équivalente chez lui
à la dimension totale du corps, même y compris le bec. Si des formes nous
passons aux couleurs, il a aussi ces dernieres tellement différentes de
celles des autres jacamars, qu'elles le font reconnoître au premier coupd'oeil
: le dessus de la tête de cet oiseau est d'un brun terreux relevé par
quelques légeres teintes bleuâtres ; le derriere de la tête, les joues, le manteau,
le croupion, le dessus des ailes et celui de la queue sont d'un verd
sombre, à travers duquel se jouent de riches nuances de bleu tirant plus
ou moins au noir ou au brun, et même au verd luisant, suivant les incidences
de la lumiere ; cependant on voit quelques unes seulement des
grandes couvertures des ailes briller d'un bel or rougeàtre ; les plumes du
dessous du bec sont d'un brun semblable à celui du dessus de la tête, et
tout le reste du devant du cou est d'un beau blanc qui se répand jusque
sur la poitrine; le dessous du corps, depuis ce blanc jusque aux couvertures
du dessous de la queue, est d'un verd sombre qui, dans l'ombre,
paroît noir ; les flancs sont égayés par un frangé blanc qu'on trouve en
bordure au bout des pennes latérales de la queue; le bec, les ongles et les
pieds sont noirs.— La femelle est plus petite que le mâle, et a aussi la queue
moins longue que lui ; elle n'a pas non plus le blanc du devant du cou aussi
étendu et aussi pur, et ses couleurs sont en général plus foibles. — O n reconnoît
au premier coup-d'oeil les jeunes individus de l'espece à une forte
teinte brune qui domine sur toutes les parties vertes, outre qu'ils ont encore
le bec plus court que les vieux.
Le jacamar à longue queue habite la Guyane, où il doit même être fort
commun; car il l'est tellement dans nos collections qu'il se voit dans tous
nos cabinets en Europe. Cet oiseau fréquente les forêts et vole mieux que
les autres jacamars : il est donc naturellement moins tranquille et moins
séd< înlaire queux; il a un cri ou sifflement qu'il ne répété pas souvent, et
qu'on n'entend que de près. Nous ne savons rien de plus sur ses moeurs et
ses habitudes; ce que nous venons d'en dire même nous l'avons puisé dans
Buffon, ne connoissant pas nous-mêmes rien de particulier à cet égard.