LE BARBU A GORGE NOIRE, MÂLE,
DANS SON EXTRÊME VIEILLESSE.
( N° 3 I • )
N o u s avons dit que les barbus à gorge noire nichoient dans des trous
d'arbres, mais qu'ils étoient sujets à s'emparer des nids de quelques autres
oiseaux pour y faire leur ponte, et que souvent on les trouvoit établis
dans les cellules de ceux que se bâtissent en commun certains oiseaux
d'Afrique, que pour cette derniere raison j'avois nommés les républicains.
C'est dans un de ces vastes nids de républicains que je découvris un jour
sur un très grand aloës dicho/ome, que je trouvai l'individu barbu à
gorge noire de cet article. Je m'étois proposé de prendre vivants un certain
nombre de républicains : à cet effet je me rendis le soir au pied
de l'aloës, et je me mis à retirer de chaque cellule du nid les oiseaux qui
y étoient couchés; c'étoient ordinairement un mâle et une femelle. Cependant
dans l'une de ces cellules je trouvai cinq oiseaux; et ayant senti,
aux cruelles morsures qu'ils me firent à la main, que j'avois affaire à
d'autres hôtes qu'à des républicains, je me doutai d'abord que c'étoient
des barbus, ainsi que cela m'étoit arrivé dans d'autres occasions, ou de
petits perroquets qui s'établissent aussi quelquefois dans ces nids de
républicains. Je retirai les cinq oiseaux, et, de retour à mon camp, je
reconnus en eux cinq barbus, dont un se trouvoit tellement caduc qu'il
ne pouvoit ni marcher ni voler; ses couleurs, absolument détériorées,
annonçoient un oiseau très vieux et parvenu au dernier période de la
vie. Quoiqu'impotent à ne pouvoir sortir de la cellule d'où je I'avois
tiré, ni par conséquent se procurer par lui-même de la nourriture, cet
individu me parut intéressant à observer. Il éloit évident que les autres
individus de l'espece que j'avois trouvés avec lui devoient pourvoir à ses
besoins; et je ne tardai pas à en avoir la preuve, lorsqu'ayant mis mes
cinq barbus dans une cage faite de roseaux, et leur avoir donné des insectes
et des fruits dont je savois qu'ils faisoient leur principale nourriture,
je vis les quatre barbus bien portants s'empresser à donner à manger
au moribond relégué dans un des coins de la cage, appuyé toujours sur
le ventre, les jambes écartées sur les côtés du corps; enfin les pieds
étoient crochus, et les articulations des ailes et des doigts tellement gonflées
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