1 0 0 HISTOIRE N A T U R E L LE
surprenant ; car cliez tous les oiseaux le bec des jeunes et celui des
vieux d'une même espece ne se ressemblent jamais : ainsi on ne peut
rien conclure dans ces cas d'un bec plus ou moins compliqué dans sa
forme, plus ou moins considérable par sa longueur ou son épaisseur.
Celte observation, pour n'avoir pas été faite jusqu'ici, n'en est pas moins
une vérité de fait dont nous avons donné bien des preuves. Dans les calaos,
oiseaux à bec monstrueux, surmonté chez plusieurs d'excroissances
ou casques, on ne les apperçoit qu'à peine ou point dans ceux qui sont dans
le jeune âge. Chez les bécasses, les bécassines, les jacamars, les courlis,
la huppe, les colibris, etc. le bec est beaucoup moins long dans les
individus jeunes que chez les vieux, quoiqu'ils aient déjà acquis toute la
grosseur de corps. Les fortes échancrures du bec des toucans ne paroissent
pas non plus dans ces oiseaux avant l'âge fait ; pas un oiseau enfin
n'a dans son premier âge le bec exactement le même que dans leur
état parfait : mais plus cette partie est simple, moins grande est cette dissemblance;
et c'est là, à l'égard du bec d'un oiseau, toute la différence
qu'on doive prendre en considération dans l'examen qu'on fait de ses différentes
parties pour reconnoitre l'espece à laquelle il faut le rapporter.—
Après toutes ces remarques, il ne nous reste qu'à décrire avec quelques
détails le tamatia brun, soit qu'il forme une espece propre, soit qu'il
appartienne à celle du tamatia à gorge rousse, ou même à toute autre de
celles déjà connues.
Les plumes du dessus du corps de cet oiseau, à partir du front, et y
compris les couvertures des ailes et celles supérieures de la queue, sont
d'un brun terreux, et portent toutes sur leur milieu un trait roux longitudinal
formé en larmes : entre les yeux et le bec, et de chaque côté de
la bouche, on remarque un trait blanc; une large tache blanche se dessine
en forme de plastron sur le bas du cou, et couvre en partie la poitrine.
La gorge, le devant du cou et le bas de la poitrine sont couverts de plumes
d'un brun clair qui ont aussi toutes leurs côtes d'un blanc fauve. Les
plumes du dessous du corps, y compris les flancs, le ventre et les couvertures
inférieures de la queue, sont roussâtres, ondées de brun. Les pennes
allaires et celles de la queue sont brunâtres ; la pointe et la base du bec
sont blafards; le reste en est brun; les pieds sont aussi bruns. La queue
est du brun des ailes, et légèrement étagée. Les ailes, peu amples, atteignent,
lorsqu'elles sont ployées, le bas du croupion. Les barbes de la
mandibule supérieure sont enfin d'un brun noir, et celles de l'inférieure
blanchâtres.
Des six individus tamatias bruns ou prétendus tels que nous avons vus,
l'un est au muséum d'histoire naturelle à Paris; l'autre chez M. Dufresne,
aide-naturaliste dans cet établissement : j'ai partagé les quatre derniers
avec mes amis, MM. Raye, Temminck, et Calkoen, en Hollande; de sorte
qu'il ne m'en est resté qu'un, qui fait encore partie de mon cabinet.
LES BARBACOUS.
LES oiseaux auxquels nous donnons le nom de barbacous
forment un petit genre qui semblerait participer des tamatias
et des coucous. En effet, ils tiennent aux premiers par leur
grosse tête, leur corps trapu, les barbes dures qui couvrent
leurs narines, et par celles de la base de leur bec.
D un autre côté, ils se rapprochent des coucous, mais seulement
par un bec plus effilé (très effilé du bout, où il se
courbe), et par des ailes plus longues que ne les ont les
tamatias.
Les barbacous volant mieux que ces derniers, ils sont
aussi moins solitaires ; et quoiqu'ils vivent dans les bois, et
qu'ils nichent dans des trous d'arbres où ils couvent et
élèvent leurs petits, ils s'écartent quelquefois pour aller chercher
leur proie jusque dans les savanes noyées du nouveau
monde, leur patrie. Ils ont douze plumes à la queue, les doigts
disposés deux à deux, et ne se nourrissent que d'insectes.
Ces oiseaux tenant donc par leur naturel bien plus aux tamatias
quaux coucous, qui ne couvent jamais leurs oeufs, il y a
plus de raison de les placer à côté des premiers, et de les
comprendre dans leur ordre, que de les confondre, comme
on 1 a fait, avec les coucous. Cette méprise, au reste, n est pas
la seule qu'on ait à reprocher aux ornithologistes, et sur-tout
aux méthodistes, qui, dans leurs classifications, n'ont la plupart
du temps adopté que des caractères insignifiants , de
petits rapports extérieurs, négligeant ou rejetant ceux qui