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 (N°  54-)  
 CET  oiseau  est  sans  contredit,  par  la  distribution  réguliere  de  ses  
 magnifiques  couleurs,  le  plus  beau  de  tous  les  barbus  connus ;  aussi  
 habite-t-il  la  contrée  la  plus  riche  de  l'univers,  celle  où  la  nature  semble  
 avoir  prodigué  tous  ses  dons;  celle  qui si  long-temps  excita  la  cupidité  
 des  avides  peuples  de  l'Europe,  dont  pas  un  seul  n'a  su  profiter  sagement  
 des  avantages  qu'elle  leur  offrait ;  contrée  heureuse  où  toutes  les  
 productions  portent  l'empreinte  de  la  munificence  du  créateur : cet  oiseau  
 enfin  habite  le  Pérou.  J'ai  vu  autrefois  dans  notre  cabinet  du  Jardin  des  
 Plantes  un  très  bel  individu  de  l'espece,  mais  qui a  eu le sort  de  tant  d'autres  
 qui  ont péri,  soit  par  les insectes  rongeurs,  soit  par  les fumigations  de  
 soufre,  plus  destructives  encore :  de  sorte que  nous  n'avons plus en  France  
 l'espece  de  ce  barbu;  ce  qui  rend  plus  intéressante  la  description  vraie  
 que  Brisson a  publiée  de  cet  oiseau  sous  le  nom  de barbu  des  Maynas,  et  
 d'après  un  individu  qu'il  avoit  vu  dans  la précieuse  collection  de Réaumur ;  
 collection  la  plus  riche  qu'il y  eût  alors  en  France,  dont  les  débris  sont  
 passés  depuis  au  Jardin  des  Plantes,  mais  où  on  ne  trouverait  peut-être  
 plus  aujourd'hui  un  seul  des  individus  qui  la  composoient,  et  cela  par  
 l'effet  de  la  mauvaise  méthode  qu'on  suivoit à  celte  même  époque  dans  la  
 préparation  des dépouilles  d'animaux.  Buffon a fait mention  de  cette  même  
 espece  de  barbu  sous  le  nom  de  beau lamatia,  comme  étant  la  plus  belle  
 ou  plutôt  la  moins  laide  de  ce  genre,  pareequ'il .U  trouve  plus  petite  et  
 plus  effilée  que  les  autres  tamatias ;  cependant,  d'après  la figure  coloriée  
 qu'on  en  voit  dans  son  ouvrage  sous  le  nom  de barbu des Maynas,  il  s'en  
 faut  qu'elle  ait  cet  air  délié  qu'il  lui  prête.  La  vérité  est  que  cet  oiseau  
 n'est  pas  plus  svelte  qu'aucun  autre  barbu  dont il a  absolument  toutes  les  
 formes.  Quant à  la figure  qu'en a  publiée  Brisson, il  n'est  pas  étonnant  
 qu'on  n'y  trouve  absolument  pas  la  physionomie  d'un  barbu,  car  cette  
 figure a  été  faite  d'après  un  individu  préparé à  la  maniéré  dont  on  préparait  
 alors  toutes  les  dépouilles  d'animaux ,  c'est-à-dire  fort  mal ;  il  est  aussi  
 probable que  c'estlà  ce qui  aura  occasionné  l'erreur  de Buffon  sur  les  caractères  
 extérieurs  de  l'oiseau.  Quoi  qu'il en  soit,  nous  avons la  satisfaction  
 de  donner  ici  le  portrait fidèle  et  de  grandeur  naturelle  de  l'espece  de  ce