les transformât au point (1e les rendre méconuoissables. Un oiseau qui, sur
un point quelconque du globe, a une queue longue et étagée , ne prendra
jamais , j e pense , sur un autre une queue courte, carrée ou fourchue : si
cela arrivoit, toutseroitbouleversé, et toutes lesidées que nous nous formons
de cette sublime sagesse qui a tout ordonné ne seroient plus que fantastiques
et variables, comme tout ce qui est selon les caprices du hasard;
chose impossible à concevoir pour tout observateur attentif, qui, cherchant
la vérité dans les faits seuls, laisse aux beaux esprits leurs belles théories,
ou plutôt leurs rêveries, pour une étude que leur imagination devance, et
dont ils n'ont que faire, avec le talent de deviner d'abord cc que tant d'autres
ont tant de peine à trouver dans de longues et laborieuses recherches.
Revenons à notre aracari koulik du Brésil , qui, comme nous l'avons
dit, différé de celui de la Guyane par des couleurs plus vives. Il suffira au
lecteur, pour s'en convaincre, de jeter les yeux sur les figures que nous
donnons des deux oiseaux : il y verra que le jaune des oreilles a dans le
koulik du Brésil une belle teinte orange, ainsi que le collier, qui est plus
large chez lui ; que le bas-ventre y est plus jaune ; que les taches du bout de
la queue y sont plus vives ; que le verd du dos y est plus brillant ; et enfin
que les petites lignes blanches qui inarquent les dentelures du bec de l'individu
tué i la Guyane sont, au contraire, formées en larges taches blanches
aussi sur celui rapporté du Brésil. Dans les deux, au reste, caractères
absolument semblables, même coupe d'ailes , même forme de bec, de
queue , etc. . . .
J'ai vu plus de cent kouliks de Cayenne, et pas un n'avoit les dentelures
du bec marquées par les larges taches blanches, dont j'ai parlé plus haut;
comme aussi pas un de ceux rapportés du Pérou ou du Brésil n'y avoit les
lignes qu'y a celui que j'ai fait représenter planche 15 ; cequi prouve que, dans
les deux climats , l'espece forme deux races distinctes.
Nous n'avons pu comparer ensemble les femelles des deux pays, n'ayant
vu que des mâles du koulik du Brésil.