
144 LETTRE SUR UN ELEPHANT
„ os d un homme, à moins qu’on ne voulût pren-
„ dre les plus grands pour des os de géants.
„ Il a été trôuvé auffi divers corps informes,
„ par exemple , des boules ou des malles rondes
„ de marne ou de bol, des cailloux couverts de
„ marne : des pierres digitales, divers grands frag-
,;mens qui paroiifent d’abord informes à la vûe,
„ qui cependant ont une-écorce,- des lames 8c des
„ tuyaux Ipongieux, comme ceux des corps orga-
„ ni{es.
„ L’on a trouvé encore des os pétrifiés d’une
* couleur obfcure, pareille à celle des rochers
„ qu’on a fait fauter avec He la poudre à canon. Il y
„ avoit auffi de petites coquilles dans ces rochers
„formés de marne, de fable, de petits cailloux,
„ 8c de mine de fer, ainli qu’on en avoit trouvé
dans la marne même. On y rencontra de plus,
„ des grains de ftrie, 8c des tablettes de marne,
.„ qui ont été les femences dont le font formés les
„ corps informes, & peut-être auffi les cornes dont
„ on a lait mention.
„ Il faut remarquer enfin, que la couche de ces
„ olfemens 8c de ces cornes finit quand on eut
,, creufé vingt pieds de profondeur. Le lit qui luit
„ eft compofé de terre fans os, 8c plus bas vient
„ une autre couche d’une terre rougeâtre mêlée de
„pierres 8c de particules martiales; telles qu’on
„ les trouve coagulées dans les bains de C anfiad.
„ Onlouhaite, dit M. R e ijè là . M. S p le ijf, que les
„ Sçavan?, 8c vous en particulier, décidiez fi les
„fo ffile s
PE’T R I F IE ’. r4y
,, foffiles de Canllad font des minéraux, des .jeux
,,de la Nature, ou fi ce font des parties d’ani-
maux.
Cette Relation fiirpalferoit infiniment celle de
M. T e n tz fliu s , û elle avoit été faite avec plus de
foin ; cependant toute imparfaite quelle eft, elle
fuffit pour prouver à tous ceux qui n’étant pas infatués
des chimériques jeux de la Nature , raifon-
nent conféquemrpent fur les phénomènes , 8c fo
fervent de leurs yeux. Je dis J e fe r v e n t de leurs y e u x ,
parce qu’ayant eu occafion de voir plus d’une fois
dans le Cabinet de la Bibliothèque de Zurich, plu-
fieurs de ces foffiles prétendus de Canftad,dont le
Due deWirtemberg avoit fàitpréfent à ce Cabinet,
en ayant vû encore d’autres du même endroit
chez M. S ch eu c lj^e r, 8c en ayant eu moi-même
quelqu’un que je devois à ce fçavant Ami, je puis
afturer que ce font de vrais os 8c de vraies dents
OU défenfes d’éléphant.
On voit de ces os de Wirtemberg dans les Cabinets
de quelques Sçavans de Bâle, 8c d’autres
endroits de Suiftè. J’ai moi-même encore des morceaux
d’y voire , qui n’ont fouffert qu’une légère
calcination. Mais il n’eft pas néceftâire de renvoyer
à l’infpeélion des olîemens de Canftad, la Relation
de M. R e i j e l , toute défeélueufe qu’elle eft,
en dit affez pour faire comprendre la véritable nature
de cette quantité prodigieufe de corps grands
& petits, qui étoient renfermés dans une couche
de terre de chaux-nitreufe ? ca lca rio -n itro fa , ainfi
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