
v x 6 LETTRÉ SUR LES POISSONS
Il en eft de même à cet égard que de la connoifo
Tance des Médailles, defquelles l’on n’eft jamais
mieux en état de juger, qu’ après qu’on a eu occa-
fion d’en voir & d'en pofféder une grande quantité,
Audi je n’ai pas néglige, depuis peu, d examiner
de nouveau les Poiffons que j’àvois il y a vingt-
cinq ans dans mon Cabinet j de qui font aujourd’hui
dans celui de la Bibliothèque de Genève. J’ai
eu le plaifir, en mêmetems, de confidérer avec,
attention deuxPoidbns dans une plaque de pierre
de la Montagne de Tripoly en Syrie | qui fait un
des ornemens du Cabinet de curiolites naturelles
de M. Gourgas, Curieux de diftinélion de la même
Ville; de j’en ai fait une comparaifon foigneufe
avec une pierre de la même montagne , que j’ai
dûe à M. Zannichelli, de avec celles d’Allemagne
& de Suide que j’avois dans mon ancien Cabinet B
& celles que j’ai à préfent dans le nouveau. .
J’ajoûterai, par rapport aux Cabinets , que les
perfonnes qui en forment pour le plaifir delà Ample
curiofité, ad oculum, comme je les appelle,
peuvent fe contenter d’une ou deux pièces de chaque
forte ; mais que quant à ceux qui font deftfnés
pour la Science, adfcientiam, il faut qu ils forent
fournis abondamment de pièces de même efpece,
en quelqu’état quelles puilfentêtre, parce queles
pièces défeaueufes de imparfaites | qui ont lubide
grands changemens, font ordinairement beaucoup
plus inftru&ives pour des Phiiofophes, que celles
qui font entières ÔC fans défaut ; outre qu onoiç
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faire des expériences fur les premières , que l’on
n’oferoit faire fur les dernieres, crainte de les gâter,
ou même de les détruire.
Je ne crois pas néceflàire d’entrer dans un plus
grand détail au fujet des Poilfons pétrifiés, ainfi
qu’on les appelle ordinairement. Ce que j’ai eu
l’honneur de vous dire là-delfus , MONSIEUR,
me paraît fuffifant pour vous faire connoître, de à
ceux qui l'ignoreraient ces précieux monumens de
l’inondation générale, qui bouleverla autrefois la
Terre.
Je dis uoe inondation générale, parce qu il eftim-
poffible, fuivant mesfoibles lumières,d’expliquer
autrement l’origine des pierres blanchâtres , des
marbres bâtards, ou des rochers fendans de pierre
à chaux, des ardoifes noires & des métalliques ;
car lès unes occupent le haut de quelques montagnes
, comme celles de Syrie de de la Ch in e, dont
les autres forment des maffes très confidérablesdc
fort hautes, tellesquei’eftla Laflrara de Bolca cfens
le Véronois ; ou qui conftituent de vaftes carrièresl
trè-s-élevées de incorporées dans des montagnes ,
telles que le font celles d’Oeningen de de Glaris en
Suiffe, de celles d’Allemagne ; ou qui enfin, forment
en tout ou en partie des mines fécondes de
cuivre de d’autres métaux dans la même partie de
1 Europe.
J’achève ect article par deux confédérations fort
importantes. La première, c’eft qu’outre les Poiffons
, on trouve fouvent dans les mêmes lieux des