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tagnes les plus hautes, la difpofition des rochers,
leurs fentes horizontales ou parallèles, Sc celles
qui font perpendiculaires ne peuvent point être
des effets des eaufes ordinaires du déplacement des
corps marins ou terreftres, telles que font les tempêtes,
les inondations, les marées, les tremble-
mens de terre, les dégorgemens fouterrains, ôcc.
Il n’ eft paspoffible , non plus, que la mer,qu’on
pourroitfuppofer avoir couvert fuçceflivement notre
Globe, en changeant de lits, eût lailfé, en fe
retirant peu à peu, le fec dans l’état où il fe trouve
, ou que la terre ferme eût pû être enlùite ainfi
arrangée par des tremblemens de terre, ou par
quelque autre fecouffe qui auroit été produite par
quelqu’une des eaufes naturelles. Cependant il faut
convenir, dans la fuppofition que je combats, que
cette portion du Globe qui le trouve difpofée par
Couches parallèles, Scc. Sc qui contient des coquillages
& des plantes originaires de la mer, a été
ainfi arrangée dans le tems quelle étoit fous les
eaux, Sc quelle fervoit dé lit à la mer, ou après
qu’elle a été découverte, ou à melùre qu’elle de-
venoit terre ferme ; ce qu’on ne pourra jamais expliquer
d’une manière fatisfaifante. J’ajoute que,
dans la même fuppofition, il faudra néceflàirement
diflinguer les couches de la terre qui auroient été
fous la mer , ou plus bas que fon fond, de celles
qui le feroient formées lùr celles-là pendant le fé-
jour des eaux, ou à mefure qu’elles fe retiroient,
Sc on fera, par cela même, contraint d avouer que.
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les corps marins ne fe trouveroient que dans les
couches fupérieures, les autres ayant ete impénétrables
aux eaux, & n’ayant pas pû par confequent
recevoir ces dépouilles dans leur fein : joignez à
cela, que ces nouvelles couches feraient bien différentes
des autres, Sc que la matière dont elles
feroient compofées n’auroit jamais pu acquérir la
folidité qui le remarque dans le roc Sc les autres
corps très-compaéles, fi elle n’avoit ete liee que
par la détermination qu’elle auroit reçue des flots
de la mer, ou de l’aéiiondes eaux, qui, enle re -
tirant, l’auroient laiflee a fec, ou auroient jette du
fable & de la boue pardeffus. Pour fe convaincre
de cette vérité, & de la différence qu’il y a entre
la difpofition des couches de la terre & celle de
la matière que la mer poulie lùr le rivage, ou qu elle
dépolè lorfqu elle s en éloigné, il n y a qua
examiner le terrain que le fec gagne fur la mer,
ou fiir les lacs Sc les bancs de fable formés par la
mer, près ou à quelque diftance des embouchures
des rivières & des fleuves ; je fuis perfuadé que
cette différence fautera aux yeux , & qu’il en
fera , à peu près, comme du Monte di cinere qui
s’eft formé dans le Royaume de Naples, Sc qui
n’offre rien de femblable aux couches dont nous
parlons, dans la matière qui le compofe, ni dans
l ’arrangement des parties qui forment cette maflè.
Je crois même que s’il fe trouve des coquillages
enfèvelis dans la terre Sc dans les autres matières
qui compofent ces nouveaux rivages, ^il n y en a