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fur des oblèrvations.réitérées : ayant mis en pièces
des portions de rochers où je découvrois des empreintes
de coquillages, j’ai remarqué ces différera
états des corps marins qui s’y trouvoient renfermés;
les uns ayant encore une certaine épaiffeur
quoi que moindre de beaucoup que celle qu’ils
ont naturellement ; d’autres en ayant perdu plus
des trois quarts , en forte que des peclinites de
deux ou de trois pouces de diamètre étoient auffi
minces, que du papier dans toute leur étenduë. Je
remarquai auffi en examinant avec foin les morceaux
de pierre qui environnoient le coquillage,
qu’ils n étoient réparés que par l’interpofition de
croûte mince. J’ai enfin, parmi mespierres figu-'
rees des empreintes d’un bucardite , 8c d’une corne
dammon fur des pierres auffi compactes que le
marbre, dont le morceau qui porte le relief s’applique
immédiatement à Celui qui eft, creux, ou y
entre réns laifler autour de foi aucun vuide ou in—
terftice. Cette corne d’ammon peut avoir demi-
pied de diamétre..
Je prie maintenant le Leéteur d’avoir égard à
ces différera états de foffiles pour comprendre ce
que j’ai à dire pour établir que ces' corps font originaires
de la mer. Illui réraaifé de s'appercevoir
que quand on dit que: ces coquillages- font des
corps marinscette propofition n eft vraie dans
toute fon étenduë qu’à l ’égard de ceux qui font
dans le premier état dont j’ai parlé : que quand ont
parle en ces termes de ceux qui fo trouvent, dans.
d e s P E T R I F I C A T I O N S . 6 1
le fécond de ces états, on n’a pas égard à la matière
terreftre qui s y eft jointe , 8c que loriqu il s a-
it des derniers, on veut dire fimplemenc qu’ils
tiennent leqr forme & leurs traits des corps marins,
aufquels ils étoient attachés, & qui n’exiftent
plus, ou qui en ont été entièrement réparés.
Pour établir que ces corps dont je viens de parler
font originaires delà mer, je ferai dabord remarquer
l’effet que la vûë de ces foffiles a produit
fur ceux-là même qui doutoient le plus, de la réalité
de cette origine. J’ai obfervé plus d’une fois,
que la fimple infpeéHon de ces Plantes 8c de ces
coquillages faifoit plus d’impreffion fur les Spectateurs
que toutes les raifons que je pouvois leur
alléguer ; 8c effeélivement, un examen un peu attentif
de ces corps doit tenir lieu de démonftra-
tion dans l’efprit de ceux qui ont quelques principes.
Jevoïois difparoître bientôt, lorfque jepro-
duifois des coquillages entiers 8c bien confervés-,
les doutes que mes raifonnemens n’avoientpû dil-
fiper , 8c il n’étoit plus queftion avec eux que de
fçavo.ir comment ces corps reconnus pour marins
avoient pû être tranfpcrtés fi avant dans les terres,
8c pénétrer dans les profondeurs où on les déter--
roit.
Le Leéleur me permettra de produire encore
fur cet article le témoignage, de M. Wodward.-
» Il y a eu, dit-il, beaucoup d’habiles gens qui
» ont examiné exaélement 8c en Critiques plu-
» fieurs-centaines de coquillages que je garde chez: