
134 L E T T R E SUR UN E L E P H A N T
» animal dans le récipient ou vafè de criftai, à me-
» fure que la pompe pneumatique jouoit, leur per-
« fuada que le défaut d’air incommodoit cette bé-
v 'te' &quec’étoitpar la même raifon qu’elle étoit
» enfin tombée en fincope. Je crois même que la
» perluafion que produifit cette nouvelle expé-
» rience ne fut entière, qu’après que celui qui lai-
» foit jouer la machine eut ranimé le chat, en fai-
» lànt rentrer l’air dans le récipient à la vue de tout
» le monde. C’eft-là à peu près le cas des Phifi-
» ciens qui entreprennent de détruire l’opinion dç
» ceux qui regardent les coquillages pétrifiés comme
» des jeux de la Nature, en faifant obferver la.fi-
» gure régulière, les proportions, la conftruétion
» intérieure de ces corps marins. Le volume de ces
» objets, leur couleur , les traits qui les càraéléri-
» fent ne font pas allez frapans pour défiller les
» yeux des hommes vulgaires ou prévenus. J’ai
» delfein de préfenter aux Leéleurs, qui feront de
» cet ordre, un fiijet qui fera bien paroli à un chat
» expoféen vûe fur la pompe pneumatique , Sc qui me
» paroît fuffifant pour les convaincre , que tout ce
» qu’on trouve pétrifié dans la terre, n’appartient
» pas au régné minéral, ôc n’eft pas un jeu de la Na-
» ture.
» Je m’attendrai cependant à voir paroître des
» fuppofitions Sc des conjeétures qui iront à expli-
» quer comment le fquelette que je fais paroître
» de nouveau, a pu fe former dans le lit de fable
» où il fut déterré- L’imagination pourra y cçeufer
P E T R I F I E ’. i 3y
» un jnoule, plus aifément, fans doute, que dans
» les parois d’une grotte , ou dans la maffe qui la
» couvre. Quoi qu’il en foit, ces hypotélès feront
» ou originales 5c ingénieulès, où elles divertiront
» les lü^oodvvardiens, Sc peut-être même les Fon-
» deurs de cloches, Sc ceux qui s’exercent à mou-
» 1er des figures.
» J’ai trouvé, MONSIEUR, l’hiftoire de
» Y Eléphant pétrifié, e’crite avec toute l’exaélitude
» polfible dans une Lettre latine d ’Ernefi Tentée-
« liu s , Hiftoriographe du Duc de Saxe. Elle eft
» adreflee au célébré Antoine Adagliahechi, Biblio-
» thécaire Sc Confeiller du Grand Duc de Tofca-
« ne, & imprimée à Gotha. L’Auteur, après avoir
» rapporté lé fait, s’attache à montrer que tous les
» attributs des os de l’Eléphant convenoient au
« fquelette découvert. Il établit enfiiite, que ce
” n’étoit point-là un foffile minéral, mais que c’é-
« toit réellement un animal pétrifié. Enfin, il re-
» cherche comment ce coloflè avoit pû être tranf-
« porté & enfeveli dans cet endroit. Voici l’extrait
« de ces trois articles, dci’hiftoire de ladécouverte
« toute au long.
» Le fquelette fut trouvé dans une montagne voi-
«firte de Tonnen , Village fituéà quelque diftance
M d’Erford, dans le Landgraviat de Thuringe, qui fait
” partie de l’Eleélorat de la haute Saxe.. Le fond de
» cette, montagne, ou plutôt de cette colline, eft un
» lit de fable fin très-pur Sc très-blanc, quilè tranf-
« porte fort loin pour i’ufage de divers Ouvriers.