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moulin, 8c qui venant a s echaufïer par le mouvement
de ces Pierres lorfqu elles font miles en oeuvre,
s’enflent & font éclater ces meules.
Le même Auteur, pour confirmer Ion opinion,
va jufqu a adopter le récit de L a u ren t S te n g e l, qui
rapporte que deux chiens vivans furent trouvés
dans des antres de rochers fermés de toutes parts,
( fuppofant qu'ils s’y étoient formés, comme ces,
reptiles dans les pierres de moulin). Ces deux
bêtes, fuivant la defcription de Stengel, reffem-
bloient a des chiens de chaflè, ou à des lévriers ,
leur regard etoit fi farouche, qu’on les auroit pris
pour être de la race de Cerbère, ils exhaloient une
odeur forte, comme s’ils étoient fortis du Tarta-
re, 8c étoient fans poil. Il ajoute, que l’un de ces
chiens creva d abord, 8c que l’autre, qui étoit d’une
prodigieufe voracité, fit longtems les délices d’un
Evêque.
Miffion dans fon voyage d’Italie, Tome II. préféré
auffi l’opinion adoptée par M. Lang. Après
avoir propofe diverfes objeélions contre le fènti-
ment qui les rapporte au Déluge , lefquelles ne
demandent d’autres folutions que celles que chacun
pourra donner après avoir lu cette petite Dif-
fertation ; Miflon, dis-je s’exprime ainfi dans là
vingt-feptiéme Lettre. M a i s , après to u t, f i vous
voulez^ que j e vo u s difie mon J e n tim e n t, i l ne me fem b le
p a s qu’il fa ille de f i g ra n d s détours pour tro u ver la f o r mation
& la rencontre de toutes nos coquilles de quelque
nature
DES PETRIFICATIONS. 73
nature quelles puiffen t ê tr e * . E t afin que j e m’explique
en un m o t, j e crois qu’on peut affirmer fa n s difficulté que
la même v e r tu & les mêmes propriétés q u ifo rm en t les coquilles
de la m e r, les engendrent auffi f u r la terre ; par
la raifon qu’i l fie tro u v e dans les deux endroits une p a r ité
de fui)fiance propre à les fo rm e r , & une p a r ité de tout
ce qu’il ‘vous p la ira d ’ajouter encore pour les circonflances
& p o u r les moyens de cette fo rm a tio n . Que ce fioit p a r v é gétation
& p a r in tu s-fu fc ep tio n , comme quelques-uns
p a r le n t, à peu près comme croiffent les plantes. Q u e ce fo i t
p a r ju x ta -p o fitio n & p a r incru fia tio n , comme fie fo rm e n t
les b e z y a rd s , tant faffiles qu’a u tr e s , & les pierres des
reins ; cela n eflpas préfentement du fiujet. M a is enten-
d ezyle comme il vo u s p la ira ; quand vo u s a u reg bien r a i-
fo n n é f u r ce qui fa it les coquilles dans les lie u x que vous
appelle^ leurs lieu x naturels ; je vous dira i toujours qu il
n e tiendra qu’à vo u s de raifonner fu r la montagne de C e r -
taldo de la même manière que fu r le riva g e de L iv o r n e ;
excepté pourtant lorfqu il s agira de ces coquilles qui s’engen
d ren t , dit- o n , en même-tems que l’a n im a l, p a r la f e -
mence ova ire. M. Lang fe feroit bien épargné de la
peine s’il avoit pû fe réfoudre à raifonner aufîi légèrement
que ce voyageur.
11. Ce n’eft pas aiîèz, ce me femble ,' pour ce
premier article. Paffant au fécond, je dois prouver
que ces corps originaires de la mer font fortis
de fon fond, ou ont quitté le rivage 8c les côtes
où ils kabitoient ; que le déplacement 8c le tranf-
* Cependant il excepte formellement lui-même les coquilles qui
s’engendrent en même tems que l’animal par la femence ovaire.
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