
138 LETTRE SUR UN ELEPHANT
„ formes de crânes, de dents, d’os, & qui fe trou-
„ vent quelquefois dans des antres, ou dans des
„ cavités foute rraines.
„Enfin notre Auteur examinant de quelle ma-
,, niere cet animal, dont l’efpéce eft originaire des
„ Indes & de l’Afrique, pourroitêtre venu dans la
,,Thuringe, ôc avoir trouvé fa fépulture dans le
„fond de cette colline, rapporte les différentes
„ conjeélures que l’on fit alors; les uns voulant que
„ cette, bête eût été amenée là par des Marchands.
, , de Rome, d’autres par Attila, , des troifiémes par
„ Charlemagne, Sc d’autres enfin par les Comtes de
„ Gleichen, Sc tous jugeant en conféquence qu’elle
„ avoit été enterrée dans cette colline. Mais M.
„ T entretins oppofe à ces conjeétures, i ° . Que
„ l’ufàge qu’on a fait de l’y voire dans tous les tems
„ ne permet pas de croire qu’on eût jetté-là ce
„cadavre, fans l’avoir dépouillé de fos défenfos.
„ 2 ° . Qu’on n’a pas vû tirer des Indes ou de l’Afri-
„ que des éléphans d’une taille fi prodigieufe, Sc
, , que ceux qu’on tranfporte en Europe , font or-
„ dinairement d’une taille petite ou moyenne, &
„ jeunes ; àu lieu que celui dont il eft queftion
„ pourroit avoir foize pieds de hauteur, Sc avoit
„ plus de deux fiécles au tems de fa fépulture ; c’eft
,, ainfi,au moins, qu’un Négociant qui avoit pafle
„ plufieurs années dans les Indes, en jugea par les
„ défenfos du fquelette, failànt ulàge des régies
qu’il tenoit des Indiens, & à l’aide defquelies
„ ils connoilfent l’âge de ces animaux.
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■ Une troifiéme raifon que l’Ecrivain de la
■ Lettre oppofe aux conjeétures que nous avons
„ rapportées, c’eft qu’on ne conçoit pas comment
on auroit voulu creufor une foflè d’une telle pro-
„ fondeur pour cette bête. Et pour renverfer entièrement
cette foppoltion, il ajoute que la dilpo-
„fition de la colline ne permet pas de croire cette
„prétendue fépulture, puifqu’en confidérantavec
„ attention ce monticule, on apûs’aflurer qu’iln’a-
„ voit jamais été creufé dans cet endroit.
„ Pour rendre cette vérité fonfible, on fait ob-
„ forver au Leéfeur qu’une terre noire forme le pre-
„ mier fira tum de la colline, ou fon lit fopérieur
„ épais de quatre pieds, fous lequel fe trouve un
„ g r a v ie r f r ia b l e , qui reçoit dans le milieu de fa.
„ couche Sc au-deflous des pierres de t u f Sc de f o f -
„ teocolle ( a ). Ce fécond lit a cinq pieds de pro-
„ fondeur. Une argile fàbloneufo, dans laquelle
„ f e trouve encore une veine horizontale d’ofteo-
„ colle de deux pouces d epailfour, fuit ; Sc au-
„ deflous de cette argile, qui occupe fix pieds d’efi
„ pace toujours mefuré perpendiculairement, il y
„ a la hauteur d’un pied de cette même matière.
„ On retrouve après cela, un lit de gravier de fix
„ pieds de profondeur ; Sc enfin on découvre ce
„ fable blanc Sc pur, au fond duquel on n’avoit
„ pas encore pénétré, le fquelette ayant paru après
( a ) C’eft une pierre fabloneufe, on s’en fert pour aglutiner &
remettre en peu de .tems les os rompus.
S ij