
13° LETTRE
notre vûe, 8c à ce que l’Hiftoire facrée <fc profane
nous apprend de fon antiquité. Pour m’arrêter
maintenant à un feul des phénomènes que les entrailles
de la terre nous préfentent, je demanderai
à M. de V * * *. 8c aux autres Partifans de l’opinion
qui promène les eaux de la A ie r fu r le Globe, dans une
fuite d’un grand nombre defécles, comment les fque-
lettes des animaux terreftres peuvent fe trouver
pêle-mêle avecles dépouilles des animaux marins
dans la terre , à une profondeur, confidérable,
dans des couches exactement remplies, 8c liées
avec celles qui font au-deflùs par des veines 8c
des racines d’ofteocolle., placées en outre fous des
bancs d’un tuf très-dur 8c très-compaét, & qui
auront pour derniere couverture un lit de terre
noire, autant profond qu’il peut l’être dans les régions
du Globe fituées dans un climat tempéré, 8c
que des pluies abondantes arrofent.
Je prierai ces Meilleurs de conlidérer avec attention
l’état des chofes, avant que d’en venir à la
réfutation du fentiment qu’on leur préfente. Je dirai
même qu’ils ont bien des retranc bemens à forcer
pour defcendre jufqu’au fort où je les appelle.
Le premier eft cette couche de terre noirâtre ,
dans laquelle fe forment les végétaux, 8c dontl’é-
pailfeur varie félon la température & l’élévation
des lieux, & la quantité du minéral qu’elle couvre
; 8c pour ne pas perdre leur tems à faire de
vaines feppofitions fur cet article, je les fupplie
d’examiner les obfervations ep ’Olaus Pudbeck^,
SUR L E S FOS S ILES . 131
Profeffeur à Uplàl, a faites ou recueillies dans le »
premier volume de fon A tla n tiq u e , ou celles qu’on
peut avoir obfervées plus exactement encore depuis
: ce fera à eux à faire voir que cette terre forme
fur le Globe des couches dont la profondeur répond
au tems qui s’eft écoulé depuis que les plages
font devenues terre ferme , 8c ont reçu les
pluies 8c les autres véhicules de cette terre. Ces
grands Phyf ciens auront la bonté de nous expliquer
enfuite comment des lits de cailloux d’une
profondeur confidérable ont pu fe former fer des
couches de t u f d ’a r è n e , d’argile, de gravier, dont
la plus baffe de celles où l’on eft parvenu fera d’un
fable très-fin, de qui aura fervi de tombeau à des
animaux terreftres, â c qui feront même tout-à-fait
étrangers à ces contrées, comme le font, par exemple
, les éléphans à l’Allemagne.
Je renverrai donc ces Partifans d’une antiquité,
jene dirai pas qui ferpaffe de plufieurs fiécles celle
que le P. Perron-a eu deffein de rétablir, mais qui
laiffe encore bien en arriére les fables Chinoifes ;
je les renverrai , dis-je, aux découvertes que l’on
a faites, 8c que l’on fait encore tous les jours, des
animaux terreftres enfevelis fous de grandes maffes
8c dans des couches qui renferment aufîî des coquillages
8c des plantés marines, ou qui fe trouvent
même au-deffous de celles qui auront été
formées par des fédimens de la mer, félon leur
opinion : 8c comme il importe de leur repréfenter
exactement l’état de ces couches, qui font deve-
R ij