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l ’eau par une quantité plus ou moins grande -de
-petits triangles unis par leurs bafes oppofées, avant
de tomber au fond. Jamais- l’on n’en voit, à beaucoup
près , d’auffi greffes pièces de cette efpéce
que de la précédente. Les criftaux de cette efpéce
font généralement alfez petits. Une quantité convenable
de fable très-fin , ou de terre prelque impalpable
mêlée avec l ’eau, durent contribuer à
foutenir pendant quelque tems les plus gros criftaux
de l ’elpéce dont il s’agit i c i , afin que les petites
molécules triangulaires pufTent s’attacher aux
faces des piramides, ou que les quilles à deux pointes
étendues au tond laiiîàflènt allez de vuidepour
que le fluide chargé de petites particules triangulaires
pût circuler autour des faces tournées vers le
tond des lieux où on les trouve.
L ’origine, au refte, desirrégularités ordinaires
à cette etpéee de criftal, 8c des défeéhiofités, foit
externes, foit internes des criftaux de l’autre ef-
péee, viennent des matières hétérogènes qui ont
empêché les petites molécules triangulaires de
s’unir d’une manière convenable. Outre cela l’agitation
même du fluide & des molécules criftali-
nes n’étant pas allez déterminée, ni par le mouvement
général du fluide, ni par le mouvement particulier
des molécules, les productions qui font
les effets de l’un 8c de l ’autre, ont dû néceflàire-
ment porter des marques de l’irrégularité de leur
origine. C ’eft-là certainement la caufe qui fait que
de tous les criftaux qui font au monde, il n’y en a
peut-
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peut-être pas une feule pièce dont tous les côtés
foient parfaitement égaux , quoique les pièces
foient toutes, hexagones à un petit nombre près de
tétragones 8c de pentagones. „ , . . ,
Tout ce.que j’ai dit julqu’ici du criftal .de ro- JJJjj“ «
che, convient li fort a toutes les autres pierres plus çriftalifées.
OU moins dures, quon peut appeller criftalifees ,
par rapport à leurshgures- angulaires 8c à leur plus
ou moins de tranlparence, 8c 1 application en eft
fi facile! qu’il ne paroit pas néceflàire de s y arrêter.
Car la formation de l’Hiaçinthe , de l’Amétifle, du
Grenat , du Saphir , de la Topafe , de l’Emeraude,
du Rubis ,• du Diamant, 8c des autres Pierres pré-
cieulès de cette clalïè, ne différé point eiîèntielle-
ment de la formation du criftal. Ces Pierres diffèrent
Amplement, en ce que quelques-unes font
beaucoup plus dures, parce que leurs particules
triangulaires, excepté dans le Grenat 8c le Rubis
qui femblent être cubiques, font plus fubtiles, 8c
en ce que les couleurs d’une partie dentr’elles
font bien plus foncées que ne le font celles des
criftaux colorés : cou eurs qui, de tous les Philo-
fophes modernes, viennent d’exhalaifons, ou de .
matière terreftre 8c minérale très-lubtiie. Ces Pierres
ont cependant ceci de commun avec le criftal
de roche, qu’elles ne fe forment plus aujourd hui,
quoi qu’en aient dit quelques Voïageurs, fur. le
rapport des Mineurs, peu inftruits en cës matières.
On trouve de ces Pierres entre des rochers, làm
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