
^4 LETTRE SUR L’ORIGINE
O* au goût. Elles ont la, même 'vertu & les mêmes effets
■dans la Médecine quand on les donne intérieurement :
l e a u -fo rte , l ’huile de 'v itr io l, & les autres menflrues J>ro-
duifent dans les uns & - dans les autres exactement les
mêmes effets Secondement, cette reffemblance parfaite
le trouve dans la concavité des coquillages,
les vertèbres ou apopbiles, les divifions & eonca-
mérations, lesliphons, S c c . font les mêmes, comme
on peut le voir dans les nautiles ou voiliers, &
dans les cornes i ’ammon. Elle fe remarque dans
les veitiges des points d’où fortoient les tendons
qui attachoient l’animal au coquillage,dans la place
des mulcles moteurs, & les infèrtions de ceux qui
lioient les deux valves dans les moules & dans les
corps marins de ce genre.
3. On découvre une nouvelle conformité dans
le poids de ces corps : la gravité fpécifique des
coquillages foffiles , comme l’affiire le fçavant &
exact Gbfervateur Anglois, étant au julle la même
que celle de leurs elpéces qu’on trouve fur le ri-
vage.
4. Une quatrième conformité efl celle que
forment les accidens ordinaires aux coquillages
de mer. » C’eft ainli que ces foffiles font atta-
»chés quelquefois l’un à l’autre , les plus petits
» aux plus gros ; iis ont des conduits vermiculai-
» res ; on y trouve des perles, 6c autres chofes fem-
» biables. »
Ce que je viens de dire ffir tous ces articles
s’obferve jufques dans lesfragmens dedans les plus
petits
DES PETRIFICATIONS.
petits morceaux des foffiles, lefquels fe trouvent
en beaucoup plus grand nombre que les coquillages
entiers ; on y voit précifément ce qui doit être
dans cette partie, & quife rencontre dans le corps
marin de la même elpéce, de forte que du premier
coup d’oeil un Connoilîêur voit à quel coquillage
ces fragmens appartiennent.
Telle étant la conformité que les Curieux , en
quelque lieu que fe faffent les obfervations, peuvent
découvrir entre les coquillages foffiles ôc ceux
qui fe trouvent au bord de la mer, ne jugera-t-on
pas des premiers comme on juge de tous les corps
déplacés, & qui fe rencontrent dans les endroits
où on ne s’attend pas naturellement à les trouver?
on les reconnoît pour ce qu’ils font originairement,
& on fe borne à rechercher comment ils
ont pu être tranlportés dans ces lieux-la. Si on de-
terroit, par exemple, dans quelques endroits fort
éloignés des Cimetières, des os parfaitement fem-
blables à ceux d’un homme, quand même ils au-
roient pris la couleur de la terre où ils étoient en-
{evelis, ou fouffert quelque autre altération légère
, on ne héfiteroit point à dire qu’un homme y a
été enfeveli, & loin de douter de ce fait, on le
prouveroit par la préfence même de ces os.
Il en doit encore être de ces foffiles comme des
médailles que l’on trouve dans la terre, dès que
l’on y reconnoît un N é r o n , un T r a ja n , un A d r ie n ,
on rie penfe pas à rapporter ces pièces de bronze ,
ou de quelque autre métal, aux minéraux naturels ;