
po LETTRE SUR L’ ORIGINE
cela montre qu’il y a eu une terrible révolution.
Pour conclure maintenant, & pour appuyer
encore ce que j’ai dit en faveur du fentiment qui
rapporte au Déluge la difperfion des corps marins
répandus lùr la Terre, je prierai mes Leéleurs de
peler les obfervations fuivantes.
I. O n trouve quantité d’arbres dans des marais
8c des fondrières, 8c cela dans plufieurs Pays, dans
les Ifles, 8c bien avant dans la terre ferme, comme
dans ce Comté, 8c dans des lieux plus éloignés encore
de la mer ; 8c ces arbres fe trouvent enfoncés
8c placés dans la terre, de manière qu’on ne fçau-
roit en rendre raifon que par le moyen de notre
fyftême. On trouve auffi de ces arbres déracinés
fur des montagnes, 8c dans desendroits où la qualité
de l’air 8c le froid s’oppofentà la formation des
végétaux, 8c où aucun des agens naturels, fi Pon
en excepte beau, n’auroit pû les porter. Oh én voit
qui font même enchalfés dans la fubftance 8c dans
la matière des carrières 8c des rochers, ou-enfeve-
lis dans la marne, dans la craie, dans des lieux où
les couches n’avoient point été dérangées, & dans
.des profondeurs où les racines des arbres ne parviennent
point ; ajoûtez que les arbres qui fe rem
contrent dans ces endroits> n’appartiennent à aucune
deSeipéces que le Pays peut produire.
IL Outre les animaux marins de l ’efpéce des
teftacées 8c celle des cruftacées, la terre renferme
dansfon fein, en diverfes couches 8c dans les ardoi-
fes, des empreintes de poilTons, dans quelques-unes
DES PETRIFICATIONS, $>i
defquelles on reconnoît très-bien fefpéoe ; on y
découvre des arêtes dont le relief s eft tres-bien
confervé, 8c jufqu’à celui des ouïes & des nageoires.
On peut confulter là-deflus la piece de M.
SchtHckçer* intitulée Q u ereU Pifcium . Outre ces
empreintes dont je viens de parler, on trouve auffi
en plufieurs endroits des dents de poiffons, des os
& des fquelettes“de baleines, de chiens marins,
8c d’autres animaux des plus grandes efpéces ; il y
en a auffi qui appartiennent aux amphibies, aux
crocodiles, & c . , .
I I I On verra parl’infpeélion des Planches qui
feront jointes à ce Traité, qu’outre les corps ^auxquels
nous nous fommes principalement arrêtes.
la Terre renferme plufieurs efpéces de plantes marines
, des coraux 8c coralloïdes, des millepores,
madrépores , des mouffes, des champignons , &c.
IV . Entre les coquillages qui fe trouvent dans
le fein de la Terre, à toutes fortes de diftancesde
la mer, il y en a dont la figure ne répond à aucun
de ceux qui le voyent fur les cotes ou lur le rivag
e , » mais qui ont pourtant toutes”les marques efi-
» fentielles & caradériftiques des coquillages de
» mer, & qui reffemblent autant à ceux qu’on trou-
» ve préfentement fur les cotes, que les difïeren-
» tes efpéces de ceux-ci fe relïèmblent 1 une à 1 au-
» tre, de forte qu’on peut juger qu’ils doivent ap-
» partenir aux efpéces de poiffons à coquilles qui
» habitent dans le fond de la mer, fans jamais ap-
» procher des rivages.