
8 D I S C O U R S SUR L ’ O R I G I N E
tout fens des petits tourbillons de la matière fubtile.Tou-
tes ces différentes productions, dont la caufe ne
paroîtplus devoir être ignorée/ne donnent-elles
pas lieu de penfer que l ’on pourrait expliquer parla
la formation de toutes les efpéces de Pierres
qu’il y a fur la fuperficie de la terre ôc dans lès en-
«traiiles ?
Rien ne paraît en effet plus convenable. La matière
des Pierres le réduit à une certaine quantité
de particules criftalines, unies enfèmble en de
petites malles, ordinairement angulaires , blanches
j ou pénétrées d’exhalaifons minérales de différentes
couleurs, dans toutes les Pierres duprc-
mier genre de la. première clajje.
Une portion de terre extrêmement fine, diver-
fement colorée, mêlée avec une quantité égale,
ou à peu près, de'molécules criftalines, réduites
en des malles ordinairement plus ou moins arrondies
, ou de differente configuration, peu ou point
raboteufes, compofent les Pierres du fécond genre
delà même clajje.
Des portions, à peu près égales, de paillettes
talqueufes, de diverfè couleur, mélées quelquefois
avec une certaine quantité de poufliere très-
fùbtile, forment le genre des ardoilès ; ôc differente
quantité de fable, de gravier, de grès, de
cailloux, joints à des molécules criftalines, réduites
en des maflès, de groffèur ôc de figure indéterminées,
& formées à couches fur couches,
compofent les Pierres du fécond genre de la fécondé
clajfe. Voilà
d e s P I E R R E S . 9
Voilà donclamatière des Pierres. Nous voyons
commentai fe forme de telles concrétions, par la
figure déterminée des particules de differens crif-
taux triangulaires , cubiques , paraliélipédes ,
rhombes, rhomboïdes, & d’autres figures géomé-
triques, ôc par la cohéfion de ces particules avec
d'autres de terre ou de fable, produite par un mouvement
auquel les Philofophes donnent divers
noms , fùivant leurs differentes hipothéfes. Ne
pourroit-onpaspréfùmerde-ià que toutes les Pierres
de notre Globe n’ont point d’autre origine ?
Mais il s’en faut beaucoup que l’on ne puifie Difficultés fur
expliquer la formation de toutes les Pierres par ^coiicevôk^l*
ces fèuls principes. Ou trouvera-t-on les rivières formation gé-
qui ont produit tous les fédimens qui forment les ncraledesi ier-
montagnes ? D ’on leur courant auroit-il amené
toutes les paillettes talqueufes des ardoifès , ôc
tout le fable, le gravier, les marrons ôc les cailloux
, qui forment la mafle d’une infinité de rochers/
Comment des bancs de dix, vingt, trent
e , quarante pieds, ôc davantage, tels que le font
ceux des montagnes , ôc les maffès quelquefois
énormes de granité placées au haut des Pyrénées
ôc des Alp e s , ou répandues en divers lieux dans
4es plaines, auroient-ils pu être formés fur les rivages
de l’Océan l Où voit-on des ruifîèaux, ou
des fontaines, qui coulant précifément fur les plus
hautes montagnes, y pénétrent les rochers les
plus durs ôc tout d’une pièce , ôc y forment au milieu
des cavités à peu près rondes ou ovales p& les