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l’on trouve dans les différentes couches de la terre-:
mais je n’ai eu deffein de me fervir de cepeud’ob-
fervations, que pouries oppofer a deux conjectures
du fameux JVÎ. N e w t o n , qui reviennent au fond a
une feule,qui femble prendre faveur, apparemment
à caufe du grand crédit que cet homme célébré
s’eft acquis dans la République des Lettres.
Après avoir amplement traité des Comètes fur
la fin de fon Livre des Principes Ma thématiques de
la P h ilo fip h ie , il ajoute deux conjeéturesqui valent
bien, à mon avis, toutes celles que 1 on a reprochées
au grand D e f a r te s. En effet, M. N e w t o n
croit, fur une liippofition erronée de quelques Chi-
miftes trompés par des expériences inluffilàutes,
que l’eau fe convertit en terre.
Il conjeéture donc que notre Globe perdpeu a peu
la quantité d'eau q u ilu i eft nécejfaire, parce que cette eau
après a v o ir f e r v i a la nourriture des P la n te s , e fltra n sfo
rm é e en terre, d e fo rte que le volume du Globe en eft augmenté
dans f a p a r tie fo lid e , ce qui f a i t qu i l a befoin d emp
ru n te r des Comètes m e nouvelle portion de matière^ liquide.
Mais comme cette prétendue augmentation
du volume du Globe terreftre paroiffoit trop peu
confidérable 8c trop lente à M. N e w t o n p o u r don»
neruneraifonphy fique de l’accélération du moyen
mouvement de la Lune , collationné avec celui
de laTerre, dont M .H a lle y s’eft apperçu le premier,
en comparant les obièrvations des B a b y lo niens
, celles d ’jilb a te g n iu s , Sc celles des Modernes}
SUR UN PHENOMENE. 103
fur lefe éclipfes : M. N e w t o n * dis-je , ne trouvant
pas que la transformation del’eauen terre fuffife, il
joint les va p eu rs qui v ien n en t du S o le il & des Etoiles
ft x e s , aux vapeurs des queues des Comètes. Ces vapeurs >
fi on l’en croit, p e u v e n t tomber ,,p a r leur propre g r a v
i t é dans les athmofphéres des P lanettes ,jy être conden-
fé e s & converties en eau & en efprits h um id e s, & en-
fuite ,. par le moyen d’une chaleur lente, être changés
peu à peu en f i s , en fo u fr e s , en te in tu r e s, en v a fe s ,
en lim o n , e n g l a i f , en argile , e n fa b le , en p ie r r e s , en
c o ra u x , & en d’autres corps terreftres. Ilpouvoie
ajouter, en pierresprécieufes, en m in é ra u x , en m é ta u x ,
en coquillages, en offemens d 'a n im a u x , e n p o iffo n s , en
plantes , en arbres ; car tout cela fe trouve aujourd’hui
dans le régné minéral, 8c la transformation des vapeurs
des Etoiles fixes, du Soleil, & de la queue
des Comètes,: en tous ces derniers corps, n’eft pas
plus difficile que celle qui fe, fait en d’autres corps
terreftres | & particulièrement en coraux, lui vaut
M .N e w t o n . Alors on pourra dire véritablement,
comme l’a fait depuis quelques années, un fçavant
homme, que les Comètes enrichiflèntla Terre.
Permettez, M E S S IEURS , que j:e me taife
fur cette nouvelle Phyfique, fur-tout par rapport à
uneorigineauffifinguliére de corps organisés, tels
que le font les coraux ; 8c que je ne dife rien de cette
nouvelle théorie de notre Globe, fort différente
de celle que M. W^hifton dédia en 1722. à M.
N e w t o n lu i-m êm e 8 c encore plus différente des
phénomènes de la Nature.