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» moi ; néanmoins aucun ne s’en eft allé mal fatis-
» fait, & dans le doute fi c’étoit réellement des
« dépouilles de poifions de mer : cependant ces
« perfonnes étoient très-verfées dans toutes les
» parties de l ’Hiftoire naturelle, 8c elles s’étoient
» fait une étude particulière des coquillages & au-
* très productions de mer. D ’ailleurs ce qui prou-
» ve beaucoup plus pour moi, c eft que quelques-
*» uns de ces Meilleurs du premier rang qui dou-
» toient autrefois de c e c i, qui étoient plus portés
» à croire que c’étoient des minéraux naturels, 8z
» qui avoient même écrit pour la défenle de cette
» opinion, s’accordent néanmoins avec moi ; ils
» ont été convaincus après une inlpeélion exacte
» 8c réitérée de ceux que j’ai dans mon cabinet,
» après un examen plus ample , 8c après avoir vu
» les coquillages entiers 8c parfaits que j’ai ramafles
» de plufieurs endroits de cette Ifle, que ces corps
» font de vraies dépouilles 8c des relies réels d ani-
» maux marins : ces perlonnes, après avoir étélà-
»tisfaites, m’ont prié de publier mes conjectures,
» afin de donner un plus grand éclaircilîèment à
» cette matière, tant eft fincére leur attachement
» à la vérité.
Pour produire une conviction lemblable à celle
là dans l ’efprit de ceux en faveur defquels j’écris
, je tâcherai de leur rendre fenfible cette conformité
qui fe trouve entre les coquillages naturels
8c ceux qui le rencontrent dans la terre , diftin-
guant avec la pxécifion 8c la clarté dont je luis
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ranable, les traits de reftèmblance 8c de conformité
qui s’y trouvent, & faifant ufage de ce que
mes yeux ont découvert, & de ce que notre il-
luftre Obfervateur Anglois a avancé fur cet Amde.
Ces coquillages foffiles comparés avec ceux
qui fe trouvent fur les côtes 8c fur le rivage de la
merfont conformes extérieurement dans leur fu-
perficie ou convexité , dans la groflèur, la figure
ou les contours, les divifions, les lignes, les traits,
les reliefs, les noeuds, les mammelons , les futures
; 8c jufqu’aux points imperceptibles à 1 oe il, de
forte que leur conformité eft auftï parfaite que fi les
uns 8c les autres avoient été formes dans les memes
moules.
2. On découvre unefemblable conformité dans
l’intérieur des coquillages que nous comparons,
premièrement dans la lubftance meme, leur tiffii
eft le même, lamatiére qui les compofe eft la même,
elle eftdifpofée 8c arrangée de la même manière
, la direélion de leurs fibres 8c des lignes fpi-
rales qu’on y obferve font les mêmes ; la compofi-
tion des petites lames formées par les fibres eft la
même dans les uns & dans les autres. Cette conformité
dans fa matière même du coquillage eft
telle qu’au rapport de M. Wodward elle fouffre les
opérations chymiques. Bien p lu s , dit-il, quand on
les examine p a r la C h im ie , on y tro u v e la meme choje
ejue dans les coquillages de m er : lorjque leurs partiesJont
dtjfoutes, elles paroijjent les mêmes a u x y e u x , a l ’odorat