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Ces irrégularités ne peuvent être raifonnable-
ment attribuées qu’aux mouvemens de l’eau Sc de
la matière qui envelope ces Poillons, à la rencontre
de divers corps qui nageoient enfemble, Sc
aux divers efforts réciproques des couches à me-
fure qu’elles fe condenfoient. On peut attribuer
encore quelques irrégularités à ce que , quand l’on,
fend les pierres ou les ardoifès où font les Poif-
fons, leur fùbftance fe trouve comme partagée ,
de forte qu’une partie plus ou moins entière, fe
trouve fur un des côtés de la plaque , Sc l’autre fur
le' côté oppofé, parce "qu’il fe forme ordinairement
deux plaques, entre lefquelles le PoifToiu
étoit caché. Il arrive aulïi qu’on caffe ces pierres en
les fendant, ce qui rend le Poiffon nécefîàirement
défectueux. Cela n’empêche pas, néanmoins que
l ’on ne voye avec plaifir que la figure du Poiffon
eft comme gravée en creux d’un côté: de la pierre,,
pendant que la figure en. relief fe trouve de l’autre-
côté.
Ajoutez à cela, que les PoiiTons dont nous parlons
font d’autant mieux marqués, qu’ils font plus
gros 5 qu’il y en a dont les vertèbres font comme
cryftallifées, S c d’autres, dans la place de la moëlie
defquels l’on trouve de petites cryftallifations, Sc
que nonobftant toutes ces variations , l’on ne peut
douter que een’ayent été de vrais poillons de mer
S c de rivières, parce que plufîeurs Sçavans emont
reconnu diverfès efpéces, comme par exemple
des brochets, despotes, des m i t e s , de.s harangs»
P E ’ T R I F I E’ S. 12?
des flrd in e s , des enchois, des fe r ra is , des turbots,
des têtus, des dorades qu on appelle rougets en Languedoc
, des anguilles des falu^ ou filurus, des gua~
p e r v a du Bréfil, des crocodiles. J’ai vû un PoiJJ'on-
rvolant dans une pierre de bolca, dans le Cabinet de
M. Z annicbelli à V en ifè .
Qu’il me foit permis de remarquer à cette occa-
fion, que ce ne font pas tant les PoiiTons que je
puis avoir vûs èn divers Cabinets d’Italie Sc de
Suiffe, principalement chez le Chevalier Blanchi,.
chez le Comte Mofcardi ,.chez.Mde Marquis M a f
f e i , chez M. le Doéleur enMedeciné.Rottario, S c
chez quelques-autrés à Verone ; chez M. le Chevalier
Vallifmeri à Padouë , chez M. Zannichelli à.
Vernie; dans le Cabinet de ïîn flitu t, & chez M.
fofeph Monté, Profefleur en Botanique Sc en Hif-
toire naturelle à Bologne. Mais c’eft aux PoiiTons-
dont j’ai été autrefois redevable à MM. Kallijhierix
Zannichelli, Scheuch^er,Martini, Botanifte de Monte
farte , gros Bourg du Véronois, Sc Daniel Gueifel
de Nuremberg, avec ceux que je dois à préfent à
M. Ritter le fils, Doéteur en Médecine à Berne, à
M. Harder le fils,. Jurifconfulte de Schaffoufè, &
à M. Wragner d’Erlang, Médecin du Prince de
Beyreuth. Ce n’eft pas tant, dis-je, aux PoiiTons
que j’ai vus,, qu’à ceux que j’ai pofTédés Sc que je
pofiede encore aujourd’hui, qui m’ont mis fuffi-
làmment au fait fur cefujet, Sc ont contribué à me
mettre en état de juger plus lùrement de cette ef-
péce de reliques de l ’ancien Monde.