
j8 L E T T R E SUR L’O R I G IN E
reçu de fetnbiables de l’envoi d’un Sçavant de Paris
, très-iliuftre dans la République des Lettres.
J’ai aufli des huîtres trouvées dans quelques endroits
de ce Pais féparées de toute matière étrangère
, Sc qui ont conforvé leur couleur naturelle.
Le fécond état dans lequel on trouve une partie
des foffiles dont je parle, eft celui d’une pétrification
réelle de fonfible. Tel eft l’état des coquillages
qui contiennent de la marne durcie, de la pierre
, des matières métalliques de minérales ; en un
mot, de la matière même des couches où ils fe
trouvent enfevelis , matières qui font adhérentes à
ces corps, Sc qui ont même pénétré dans leurs pores
Sc dans leur iubftance, mais làns détruire le
coquillage qui s’y voit encore très-diftinélement.
Tels font le nombre prodigieux de petits coquillages
qui fetrouvent par tout où la terre eft ouverte
par quelque leger éboulement, comme font les
pétonéles Sc les térébratules : tels font les divers
hérilfons de mer, ou khinites, les petites cornes
d’ammon cuivrées ou de couleur jaunâtre , qui fo
trouvent en aflèz grande quantité dans nos frontières
, Sc qui reflemblent à celles que M. Wodward
avoit examinées avec debonsmicrofcopes, dedans
lefquelies il avoir diftingué la matière métallique
Sc minérale qui s’étoit attachée à leur foperficie ou.
introduite dans.leurs pores.
Enfin, il y a des corps d’argile, de marne, de
fable pétrifié, de marbre, de Pierre à fufil, Sc d’autres
matières minérales Sc métalliques qui fe font
D E S P E T R I F I C A T I O N S , ƒ?
moulés dans les coquillages , ou qui en ont reçu
l’empreinte extérieure, fans qu ils paroilfont avoir
rien retenu de la matière même du corps marin j
de de ceux-ci, on peut, fi mes obfervations font
exaétes, en diftinguer de trois fortes. Il y en a dont
la fuperficie a été fimplement appliquée à la concavité
du coquillage, de moulée dans 1 intérieur,
{ans avoir pénétré dans le corps meme. Dans les
féconds, la matière pétrifiée ou durcie a pénétré
jufques dans la fubftance du coquillage à meiure
qu’il périlîbit ou fe confiimoit, de forte qu elle a
reçu- comme en ébauche la forme extérieure du
corps marin. Dans les troifiémes , la matière du
firatum qui avoit pénétré le coquillage le remplaçant
à mefure qu’il fe confumoit, a rempli tout le
vuide, de a reçu l’empreinte que le coquillage
avoit donné à la matière qui l’environnoit, ou qui
le prefloit extérieurement.
Je fçais que notre Auteur Anglois a foutenu
contre le Doéleur Camerarius, quil ne fe trouve
point de pierre ou de caillou qui reprefente la figure
convexe ou extérieure du coquillage , mais il
reconnoît aufli qu’après qu’une eau chargée de vitriol
ou de quelques autres fols de cette nature, a
diifous peu à peu les coquillages, elle peut remplir
les vuides par des particules de fpar, de d’autres
minéraux qui s’arrêtent de qui s accumulent dans
ces cavités.
Au refte, je me fuis fondé dans cette diftinc-
tion des foffiles confidéré dans le troifieme état,
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