
66 . L E T T R E SUR L’O R I G IN E
& fi un païfan qui les aurait trouvées difoit que ce-
font-là des portions de métal qui fie font formées;
d’elles-mêmes, ou quife font moulées dans la terre
, on fe moqueroit de fa fimplicité.
Cependant comme l’ignorance eft accompagnée
de la prévention dans ce qui concerne les;
foffiles, j’eftime qu’il eft nécefiaire d’ajouter ici
ces cinq obfervations..
La première eft, qu’il n’y a rien de régulier dans,
ce qu’on pourroit appeller produélions du hazard,,
ou jeux de la nature, «St beaucoup moins encore:
s’y trouvera-t-il quelque chofe. qui approche des
figures Sc des traits réguliers qui fe voient dans les;
pétrifications dont je parle. De forte que comme
il eft impoffible que des morceaux qui viendraient;
à le détacher d’un roc, & qui tomberaient foit perpendiculairement
, foit obliquement, ou de quelque
autre manière que ce foit ( dès qu’on écartera
toute direélion particulière ) puiflènt former un.
baftion , une contrefcarpe, ou quelque autre ou-
vrage.de cette nature, fans qu’il y manque rien
de même le lue pétrifiant, ou quelque autre caufe,.
agiftànt au hazard, ne produira jamais un coquillage
parfait, ou une plante marine telle qu’on en.
trouve par milliers. Quant aux exemples qu’on allégué,
ou ils font tirés des corps dont je parlerai,
dans l’obfervation lui vant e ou ils ne prouvent
rien, parce qu’il n’y aura effeélivement rien de;
ïégulier dans le fens dont il s’agit. C ’eft ainfi que :
des Ebéniftes ont voulu fouvent me faire, admirer
DES PETRIF ICAT IONS . 67
dans les pièces de g * S f qui composent des
bureaux ou des commodes, des figures d hermites,
de lions , de crocodiles, d’oifeaux ; mais comme
je n’avois pas des yeux ou des Anettes femblables
aux leurs, il ne m’a jamais ete pofîible d y découvrir
ces reffemblances. N’en feroit-il point, en
effet, comme des traits que le marc de caffé forme
dans des taffes où nos Sybilles ou Pythoniffes modernes
apperçoivent tant de belles chofes , & découvrent
le phifique & le moral, le prefent, le
paffé «5c l’avenir. . . ,
Ma fécondé obfervation eft que la régularité
qui fe trouve dans la contexture intérieure de quelques
Pierres, comme font le talc, le plâtre, le bé-
zoar minéral, & même dans l’intérieur & l’extérieur
de quelques autres, comme fontles ftalaélites, provient
d’une détermination toute differente de celle
fuivant laquelle la matière qui forme les coquillages
a été muë, de forte qu il ne refultera jamais
rien de cette première direélion qui foit fembla-
ble aux produélions de la fécondé : tout de meme
qu’un Menuifier qui pouffe une varlope fur une
pièce de bois ne lui donnera jamais laforme qu elle
peut recevoir dans la main d un Tourneur. Ces di-
reélions font aufîi différentes que le fontles lignes
droites des courbes. Je vais plus loin, la détermination
du mouvement dans la matière qui forme
les corps qui ont delà régularité dans leur contexture,
pourroit varier a l infini dans les entrailles de
. la terre > fans qu’elle fe rencontrât jamais avec celle
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