
104 L E T T R E
Souffrez encore|t que par relpeéi pour la mémoire
de ce grand Mathématicien, je n’imite pas
ici, quoique l’occafion foit b elle, ces Ecrivains'
bouiilans , dont l imagination féconde brouille
tout quelquefois dans la République des Lettres,
par des conféquences qu’ils Içavent tirer à perte
de vûë 8c étaler pompeufemenr, pour éblouir les
ignorans, fouvent fur quelque équivoque, ou fur
un fimple mal-entendu. J’aime mieux,en rendant
juftice au mérite éminent de M. Newton, remarquer
que s il avoit employé lès rares talens à bien
connoître la vraie llruélure de notre Globe, 8c s’il
s’étoit donné la peine de s’inftruire par lui-même
de la phylique du régné minéral 8c de celles des
corps organiques des plantes 8c des coquillages de
mer ; il auroit, (ans doute, furpalfé M. J^odward à
cet égard, autant qu’il le furpalîoit, làns contredit,
dans la Géométrie fublime.
Je me contenterai donc de n’oppofer à ces prétendues
transformations, que l’aveu de tous les Phi-
lofophes récens, qui reconnoiilènt unanimement
que les coraux, 8c tous les autres corps organifés
dont je yiens de parier au fejet du palîàge de M.
Newton, appartiennent au régné végétai 8c au régné
animal, 8c avouent que les uns ont végété 8c
vécu dans la mer, 8c les autres fur la terre.
Si cela eft, comme j’ofe en appeller au témoignage
de tous les hommes qui ont des y eux, je
crois qu’il me fera permis d’alferer que le firatum,
h .
S U R UN P H E N O M E N E . io y
4a couche ou le fédiment fupérieur de la terre, 8c
fa fuperficie même, qui contiennent une prodigieuse
quantité de toutes ces diverfes dépouilles de
terre & de mer., renverfe la prétendue augmentation
du volume de notre Globe.
Vous conclurez, fans doute avec moi , M E S S
IEURS , d’un fait dont vous avez été témoins
oculaires, non-feulement fer l e ~Cha,fJeron, -mais
aulli aux environs de la C ô te -a u x -F é e s 8c de Cou-~
. v e t , 8c fur les montagnes qui leparent le V d -T r e v
e r s des autres parties de cet Etat. Vous conclurez,
dis-je avec moi, qu’il n’y a abfolument aucune trace
fer la fuperficie de la terre, des vapeurs aftrales
8c corné taies., 8c qu’ainfi la conjeélure de M. N e w *
to n , n’a pas la moindre ombre de fondement, au
moins du côté phylique.
Je doute même que Ja penfée de M. N e w t o n
ait quelque fondement du côté agronomique, car
la jultelfe des calculs de M. Hallej ne prouve rien
par elle-même ,11 l’on n’eft fortement alluré d’une
précifion extrême dans les obfervations des B a b j -
loniens 8c dans celles d’ Albategnius, pour en pouvoir
conclure quelque chofe de certain, en les comparant
à celles des Modernes, infiniment plus exactes
que toutes celles des Anciens. D ’ailleurs, fup-
pofant pour un moment, que ,1’accélérat-ion du
moyen mouvement de la Lune collationné avec
celui de la ferre foit vraie, cette accélération pour-
roit avoir ûne autre caufe différente de celle que
O