
iS D I S C O U R S SUR V O R IG IN E
durables j ont amené Sc amènent du fable & des
pierres: dans le lit du lac : mais les atterriiïèmens
qui fe font faits pendant quatre mille ans, près de
cette V ille , à. fon Orient du côté de Saint-Blaijè,
à fon Occident entre Awvernier Sc la Reufe, Sc
dans quelques autres endroits du côté àiY'verdun.,
font réellement fi peu confidérables, que ce n’eft
prefque pasla peine d’en parler. Perfbnne n’ignore
néanmoins dans ce Pais, que ces-atterriflèmens font
plutôt dûs. aux pluies extraordinaires qui tombent
de tems en teigs, & à la fonte fubite des neiges .,,
qu'au cours ordinaire des. rivières, dont je viens de.
parler..
Si l ’on confidére enfiiiteque la plus grande partie
des pierres Sc du fable que le Seïon entraîne, ne
viennent prefque que d’une portion de la monta-
gned&Chaumont, derrière Valangin, &que ceri’eft
guéres que le bas> de la Tourne, vers Trois-Ro
vers Noir aigue, & vers quelques autres endroits
du Val. de-Tr d'vers, qui fournifiènt les «amas que la
Reufe a formés du côté de Colombier, on concevra
facilement qu’il faudrait plufieurs milliers d’années
avant que le Seïon Sc la Reufe eufiênt charié toutes
les pierres. & tout le fable des deux montagnes
que je viens de nommer. Mettons pourtant qu’au
bout de plufieurs milliers redoublés d’années, les.
pierres Sc le fable vinfiènt. à manquer, les eaux
ne trouvant plus de prifè fur un fond immobile, il
leür faudrait.encore autant. de millions-d’années-,-
foit pour réduire la matière du roc pur en petites;
maffes , fbit pour l’entraîner..
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Pofons encore, qu’après tant de millionsd’an-
rnées, Chumont, la Tourne, Sc les Montagnes qui
leur font contiguës, pufiènt perdre la moitié de
leur hauteur, quoique le froid beaucoup diminué
ne pût plus contribuer à arrêter la neige Sc à fendre
le roc, Sc qu’il n’y eût alors dans le Pais aucune
rivière allez abondante Sc allez rapide pour produire
un pareil effet fur des malles, qui depuis quarante
fiécles, n’ont pas encore perdu, je ne dirai
pas un pouce, mais pas même une ligne de leur fur-
face fiipérieure..
Qui ne voit, à ce compte-là, que le relie de là
matière de nos montagnes, diminuées de la moitié,
ne pourroit jamais être chariée jufqu’aux endroits
les plus profonds du lac, par des rivières,
aufquelles la diminution de leur pente naturelle ,
Sc le manque d’eau, faute de pluies abondantes,
Sc de grandes fontes de neiges, auroient ôté toute
la force.
En voilà fuffifamment pour montrer que notre
Globe n’eft plus en état d’être dilfous par les eaux.
Ceci juftifie Sc éclaircit, pour le dire enpalfant,un
endroit où le Prophète Ifaïe alfure, que D i e u a juré
que les eaux de Noé ne Rafleront plus fur U T erre. Mais
fila Sagelfe fuprême a tellement difpofé l’état pré-
fent de notre Globe, enforte qu’il ne puiffe plus
être dilfous par l’eau , cette Sageffe adorable l’a
conftruk de manière que le feule diffoudra un
jour.
Cependant quand j’accorderois tout, par rapport Nouvelles difficultés,