
Séconde origine
générale
des Pierres.
{2 6 D I S C O U R S SUR L 'O R IG IN E
/Pierres, parce qu’il y a une quantité fort confidé-
irablede Pierres & de Cailloux, dont la formation
| eft beaucoup poftérieure. Les couches mêmes dé
lia terre 3c les bancs des montagnes, tels qu’ils font
aujourd’hui, ont été faits, longtems après la premiers
formation dont je viens de parler.
Il eft certain que l ’on découvre dans une infinité
de couches des dépouilles du régné végétal 3c du
régné animal, foüvent réduites en Pierre eu en
Caillou, c’eft-à-dire, en Pierre à fufil. Cela eft fl
connu 3c fi commun aujourd’hui, qu’il n’y a presque
aucun lieu dans les quatre parties du Monde,
où l ’on ne trouve des pl|ntes, des bois, des coraux,
des oflemens d’animaux, des poiflons 3c des
coquillages de toutes les efpéces, pétrifiés en tout
ou en partie, bu moulés ; de forte que les Curieux
3c les Philofophes de tous les pais en ornent leurs
cabinets.
Toutes ces productions prouvent démonftrati-
vement qu’il a été un tems pendant lequel elles
furent introduites dans tous les endroits où on les
découvre à préfènt. Mais comme le fable , le gravier
, les Pierres communes 3c les Cailloux, auffi-
bien que les fédimens de toutes ces matières, ne
purent êtreformés dès le commencement de l’exif-
ience du Globe, que dans un fluide: De même,
les Pierres, les Cailloux & les couches du fécond!
ordre, 'n’ont pu fè former qu’en Conféquence d’une
diflblution des particules des couches antérieures
dans un fluide, 3c d’une nouvelle formation
d e s PIERRES. 27
d’autres couches, dans lefquelles durent entrer tous
les corps hétérogènes du régné minéral, du régné
végétal & du régné animal, qui s’y trouvent aujourd’hui.
Il s’enfuit que pour expliquer ce dernier
phénomène , il faut montrer comment s’eft
faite la diffolution des couches antérieures , 3c la
formation des poftérieures.
On ne peut concevoir un tel changement , à
moins que l’on ne fuppofe que les couches de fable
, de Pierres 3c de terre, effets de la criftalifa-
tion 3c de la précipitation des premiers corpufcu-
les du Globe, ne furent pas d’abord beaucoup
liées, & ne devinrent pas, par conféquent, auflï
compactes qu’il le falloit pour réfifter toûjours au
mouvement de l’eau qui leur avoir cede la place
, par l’accélération de la rotation de la Terre.
J’ajoute que la turbinationdelaterre doit neceflai-
rement perdre de fà vélocité, a mefure que 1 eau
s’infinuoit peu à peu dans les couches de terre, de
fable, de Pierres , lefquelles étoient alors beaucoup
plus homogènes que ne le font celles d aujourd’hui
; de forte qu après ùn certain nombre de
révolutions du Globe, que je ne décide pas ic i,
fon mouvement fe trouva rallenti, jufqu au point
de produire la diffolution entière des couches fu-
périeures de l’ancien Monde.
Par-là les particules folides de la terre fe retrouvèrent
dans un état pareil à celui dans lequel elles
avoient été dès le commencement de fa formation
, avec cette différence que l’eau des rivières,
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