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de Pierre à chaux & de marbre : ces mafTes ne différent
entr’elles, par rapporta leur matière, que
par le plus grand ou le moindre mélange de terre
fine de différentes couleurs, que l’eau enlève fou-
vent du roc même, avec les particules criftalines,
ou qu elle a même des couches de terre fopérieu-
res au rocher dans les couches du jlalaélite.
Perfonne n’ignore quê la Pierre a vin s attache,
en tout fens, aux tonneaux ; que les particules qui
la compofènt forment d’abord des couches, Sc
puis des criftalifations plus ou moins confidera-
bles, & d’une plus grande ou moindre régularité,
foivant que la matière a été plus ou moins pure,
Sc a abondé ou manqué.
Il eft auffi connu que les Chimiftes font diver-
fes criftalifations avec toutes fortes de fols, apres
les avoir diflous dans l’eau. C eft ainfi que le fel
marin fo criftalifo plus ou moins régulièrement
dans des endroits où il refte peu d eau expofeeaux
raïons du Soleil. On fçait encore, que le fol des
fources fàlées de plufieurs montagnes fo criftalifo
for la forface de cette eau, à mefure qu on la fait
évaporer au feu dans des chaudières faites exprès.
Il en eft de même du vitriol, de 1 alun, & du
nitre.
L ’expérience prouve qu’il fo forme desPierres de
différente efpéce dans le corps des Animaux, for-
tout dans celui de l’Homme, dont il n’eftprefque
aucune partie qui n’ait fourni quelquefois des tufs,
des Pierres à plufieurs couches, ÔC des criftalifà-
tions.
D E S P I E R R E S . y
La Marne, 8c quelques autres terres compactes,
expofées à l’air, acquiérent une dureté qui ne
diffère que peu de celle desPierres.
Dans des carrières anciennes & modernes,il arrive
fouvent que de l’eau paflànt par quelques endroits
des bancs de Pierre fopérieurs, amène des particules
criftalines &terreufos, qui tombant au bas de ces
carrières, forment des concrétions tartareufos, Sc
compofènt des couches, qui envelopent des éclats
de Pierre ; avec cette différence , que ces couches
qui fo forment fous ces monceaux de Pierre, font
toûjours moins épaiffes que celles du deffus, Sc
font auffi moins nombreufos.
I I I.
Si l’origine generale des Pierres efl celle que l’on indique’
dans la feclion précédente.
C es criftalifations, ces tufs, cesfédimens,
ces incruftations , ne peuvent être attribuées rai-
fonnablement qu’à des molécules terreftres Sc félines,
ou terreftres Sc criftalines , lefquelles s’u-
niiïènt enfemble, lorfque le mouyement du fluide
qui leur fort de véhicule, diminué jufqu’au point de
leur permettre de s’approcher 8c de fecolerpar un
cont-adt immédiat de leurscôtés, ou de leurs plans.
Ce mouvement confpirant & réciproque foroit appelle
Xtraélion par les Philofophes Anglois -, les Car-
téfiens le nommeroient Impulfîon des globules du fécond
Elément ; Si d’autres l ’attribueroient à la prejjîon en