
1 2 2 LETTRE SUR LES POISSONS
petite Ville nommée Y e n -h um g -h ie n , du Territoire
de F o n g -fim g -fo u . ,
I Ces divers exemples me perfuadetit que les Curieux
découvriront infailliblement des Poiffons ,
en une infinité d’autres endroits de l’Europe, de
l’Afie, de l’Afrique, de même de l’Amérique, dès
qu’ils fe donneront la peine de faire chercher comme
il faut, par-tout où il y a des ardoifes blanchâtres,
des noires, 8c des métalliques.
De tous les Poiffons dont j’ai parlé-, il n’y en a
point qu’on puifle regarder comme abfolument
pétrifiés, exceptés ceux qu’on tvouVe dans les ar-
doifès noires‘de G la r it.y 8c dans lès ardoile's métalliques
des mines d’Allemagne. La raifon de cela
eft , que les molécules qui ont formé cette forte
d ardoifes, font fi bien infirmées dans la fubftance
des Poiffons quelle en a été abforbée:, de forte
néanmoins qu’ayant parfaitement bien retenu la
forme des Poiffons, on peut les appeiler, fi l’on
veut, des Poijfions pétrifiés & métallifies.
Il n’en eit pas de même des Poiffons qui font
renfermés entre des plaques de pierre grifatre.
Ceux-ci ont été fimplement féchés , embaumés
8c durcis, à peu près comme s’ils avoient été mé-
tamorphofés en une efpece de corne fort dure,
relie que l’eft la fubftance des Plantes marines,
qu’on nomme cornées ou cornueufies.
La fubftance des Poiffons qui ont fubi ce changement
, joint à leur couleur, les fafo très-bien
diftinguer de la fubftance de la pierre qui les renferme.
Ta plupart font d’une couleur rougeâtre,
d’autres font d’un jaune luifant, d’autres font d’un
brun plus ou moins'foncé, d’autres enfin font noirs,
mais cette noirceur vient d’un fuc bitumineux qui
forme dans plufieurs pierres des figures de petits
arbriffoaux qu’on appelle dendrites. Et quant aux
Poiffons qui font renfermés entre des plaques d’ar-
doifes métalliques fil y en a fimplement de la
couleur de l’ardoife, au lieu que d’autres ont des
écailles , qui reluifent comme fi elles étoient d or,
d’argent, ou de quelqu’autre métal, ainfi qu il eft
arrivé aux cornes d amtnon, dont on a parle dans la
troifiéme pièce de ce Recueil.
Tous ces Poiffons ont fubi, autant que leur confidence
naturelle l’a pu permettre, plufieurs dé.-r
rangemens accidentels, pareils à ceux des crufiacées
8 c des tefiacées, qui ont été renfermés- dans des
b aines de rocher, dedans des couches de terre.
En général, tous ces Poiffons ont eu la tête écra-
fée ; plufieurs l’ont perduë ; d’autres ont perdu la
queuë ; les nageoires 8c les ailerons ont été tranf-
pofés dans quelques-uns ;d’aut-res ont été courbés
en arc : on en trouve plufieurs, dont une partie du
corps a été comme féparée de l’autre. Il y en u
dont il ne refte que le fquelette; d’autres nontlaif-
fé que des fragmens : l’on rencontre fouvent de?
plaques qui renferment plus d’un poiffon diverfe-
inent fitués ; & quelquefois c’eft un amas bifarrq
d’arêtes, 8c d’autres fragmens de différens poif--
fons que l’on y trouve,