
82 LETTRE SUR L’ORIGINE
endroit de T A r c - e n -C ie l, comme d’un phénomène
qui n’avoit point encore paru. J e m ettrai mon A r c
dans la nuée. Si la première T erre avoit été arrofée
8 c renduë féconde par les pluies ; comme cela s’eft
fait depuis le Déluge, l’Iris auroit paru déjà alors.
J’infére de-là que comme il ne tomboit point de
pluie avant le Déluge, les minéraux & les autres
.corps qui étoient au-defious des couches où fefor-
moient les végétaux & où ils prenoient leur ac-
eroifièment, pouvoient fe conièrver, quand même
la cohéfion 8c la folidité de leurs parties n’au-
roient pas été à l’épreuve de l’eau, la roféene pénétrant
que jufqu’aux racines des plantes 8c des arbres
; à quoi on peut ajoûter que la couche fupé-
rieure du Globe où les plantes étoient attachées
8c d’où elles tiroient leur nourriture, pouvoit s’étendre
jufqu’à une profondeur_aiïèz confidérable.
Il étoit aulfi très-poffible que le fond de la mer &
le lit des rivières que l’on peut admettre dans cette
hypothéfe, fulfent tapiffés par des terres 8c des
matières onélueufes , de forte que les minéraux qui
étoient au-delïous ou aux environs , étoient garantis
par ces envelopes, 8c préfervés de la dilïo-
lution qu’ils auroient ëu à craindre, fi 1 eau pénétrant
jufqu’à cette profondeur, les avoit détrempés.
On peut, au relie, admettre ce que je viens de
dire, fans faire violence aux observations fur lesquelles
M.'Wod'ward a établi fon fylléme, quoi
que nous différions à l’égard du dilïblvant, puifiqu’il
DES PETRIFICATIONS. 8p
qu’il fuppofe que l’eau, qui aujourd’hui ne pour-
roit pas diffoudre une feule pierreen bien des années^,
n’a pas pû être l’agent qui a opéré la diffolu-
tion des matières qui compofoient la première Terre.
J’accorderai que la lùrface du Globe a pû être
diverfifiée par des vallées, des plaines 8c des montagnes
: qu’il y avoit une mer, des lacs 8c des rivières
: que la mer pouvoit être chargée de fiels ;
quelle étoit extrêmement remplie de poilïons,
8 c c . que la terre étoit couverte, 8c ornée d’une
quantité d’arbres , d’arbriiïèaux & d’herbes, d’animaux
de toute elpéce, &c. &c. J’admets toutes
ces propofitions dans l’étendue que les obferva-
tions dont il s’agit nous engagent à leur donner,
8c j’ellime qu’en m’arrêtant là, elles n’emportent
point l’exillence: de là pluie, de la neige, & des
autres météores avant le Déluge, ni une cohéfion
des parties métalliques & minérales , tout-à-fait
fiemblable à celle que ces corps ont euë depuis
f inondation du Globe.
Cet Auteur fuppofe auffi en plufieurs endroits
de fonEfiâi, qu’ils’ell faitànotre Terre deschan-
gemens tres-confidérables : il dit entr’autres choies,
que D ie u f i t d ’abord une T e rr e convenable à l ’état
d'innocence d é fi s premiers H a b ito n s , & qu après que les
hommes eurent dégénéré, i l changea la confiitutton de la
T e rr e p a r le moyen d u Déluge la réduifit dans l’état
qu elle efi p r é fe u lem e n t, l'accommodant ainfi de p lu s
près à la nécejjité prefente deschofes. Et ailleurs, après
avoir parlé des effets du Déluge, il dit : T o u t
M