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ces cailloux à l’une ou à l’autre de ces époques , il
eft certain qu’ils ont été placés dans les lieux qu’ils
occupent, au tems de l’origine de nos montagnes.
Or la liaifon réciproque de ces montagnes, la fi-
métrle de leurs contours, l’admirable ligne double
que leurs malles forment, 8c qui le coupent à
angles droits entre les Tropiques 3 & à angles auffi
peu différents du droit qu’il a été poffible en deçà
8c en delà des Tropiques, dont l ’une eft parallèle
à l’Equateur, l’autre au Méridien : Phénomènes
que j’attribuë au mouvement de turbination de la
Terre d’Occident en Orient, de à une trépidation
réciproque du Midi au Nord, & du Nord au Midi,
8c à l’inclinaifon du Globe de vingt-trois dégrés &
demi deçà 8c delà l’Equateur. Or tout cela, dis-je,
prouve démonftrativement, à mon avis, que toutes
les montagnes ont été formées en même tems,
8c d’une manière fiicceflïve, qui doit durer au
moins autant que la Terre emploie de tems à parcourir
fon orbite autour du Soleil. Car fi l’élévation
des montagnes, de l’abaiilèment des valées de
des plaines s’étoit fait tout d’un coup, ilauroit été
impoflible qu’il fût refté au haut des montagnes ,
de fur leurs côtés les plus inclinés à l’Horifon, le
moindre veftige de la couche de terre qui fert à
la végétation des herbes de des arbres, parce que
l’eau s’écoulant fubitement de avec rapidité , au-
roit entièrement emporté cette couche.
D E S t ' I ' E R R E S.
V.
Formation des Pierres dans le corps, des Hommes &
dans celui des Animaux.
Ç b que Ion vient de dire fur les Pierres de
notre Globe, 8c fur leur formation peut fuffire ;
jnâis je dois ajouter quelque chofe fiirl origine des
Pierres dans l’Homme 8c dans les Animaux. On
peut réduire à trois claftès cette forte de Pierre ;
tofeufes, bofoardiques 8c criftalifees. Les premières
font compoféesde matières terreftres ; les, fécondés
contiennent quelque portion de matière pier-
reufe de fouvent criftaline ; de la matière criftaline
abonde davantage dans celles que j’appelle enfta-
lifées.
Comme cés Pierres le trouvent dans les corps
organiques des Animaux de de l’Homme , de que
c’eft par les alimens de la boilfon que ces corps
croilïènc de le nourrillènt ; c’eft auffi dans les alimens
de la boilfon qu’il eft naturel de chercher la
matière de ces Pierres. Niais comme les alimens de
la boilfon n’agilfent dans les corps organiques que
félon l’état des organes dans lefquels fe fait l’élaboration
propre à extraire des alimens de de laboif-
fon les lues qui doivent le transformer dans la matière
même des différentes parties organiques, il
faut auffi avoir égiard à la bonne ou mauvaile conf-
titution des organes principaux. Ce fera donc lui-
vant ces principes que- l’on pourra juger des corps