
142 LETTRE SUR UN ELEPHANT
„ perfuadent que vous ne ferez pas fâché de lire
„ l’extrait que je viens de donner en faveur des
„ Amateurs de la Philique, 8c pour engager à le
„ lire avec plus d’attention, je me luis déterminé
}> à le laire paroître fous votre adrelîè.
Ce n’eft pas, MONSIEUR, feulement à
Tonna, que l’on a découvert le fqueliette d’un éléphant.
Il y a piufieurs autres endroits d’Allemagne
où l’on a trouvé des dents 8c des os d’éléphant,
8c d’autres animaux terreftres qu’on appelle la L i -
cornefojjile chez les Pharmaciens.
On a trouvé de tels olfemens, en particulier de
ces grandes dents que les Philofophes appellent
défenfes d’éléphant, près d ’E lb in g e ro d e , près de
Heidelbe rg y près de H ild e sh e im , on en a trouvé en
A io r a v i e , en S ile jte , au pays de H e jjè , en S a x e , 8c
même en Suijje. Mais comme je ne puis vous communiquer
aucune Relation un peu détaillée, il lùf-
lira de vous rapporter celle que M. Salomon T e i j e l ,
Médecin du Duc de Wirtemberg, envoya le io.
Février de l’an 1701. , de Sioutgard à M. D a v id
S p le is , Doéleur en Philofophie 8c en Médecine,
8c Profelfeur en Mathématique à Schaffotife, La
voici.
„ Dans un lieu éloigné de mille pas de Canjlad,
,, petite Ville de Wirtemberg à une lieue à e S to u t-
,;g a rd , Ic Serenissime D u c Ebe rh a rd-
„ L oui s, fit creufer dans une colline depuis la
„ fin du mois d’Avril jufqu’à la fin d’Oétobre de
„ l ’année 1700. L’on y trouva plus de foixante
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y cornes, ou des corps recourbés femblables à des
„ cornes depuis un pied jufqu’à dix pieds de long.
On y rencontra encore un nombre prodigieux
„ d ’oilemens fort grands, des mâchoires 8c des
„ dents molaires fichées dans les mâchoires, 8c
„ d’autres foikaires ; des os des épaules , des han-
„ ches, des cuilfes, du genou, des parties du cra-
„ ne, des vertèbres, le tout entièrement lembia-
,, ble aux os deséléphans.
„ Outre cela, le même endroit a fourni une quan-
„ tiré étonnante d’ojfemens médiocres de divers
,, animaux domeftiques, defauvages, de rapaces,
„ 8c d’inconnus, des parties du crâne , des ma-
„ chaires, des dentsmâchelieres, des mufoires,
„ 8c des canines ; des côtes, les os antérieurs 8c
„ poftérieurs, des vertèbres,des os des épaules,
,, des os du tarfe, des pieds, des doigts, des on-
,, gles, 8c leurs noyaux.
„ Tout cela étoit accompagné d’oflèmens plus
„petits, pareils à ceux des différens animaux fau-
„ vages 8c domeftiques ; puis de très-petits, tels
„ que le fent ceux des rats 8c des fouris. Ils ont
„ tous non-feulement la figure des vrais os, ils en
„ont encore la ftruélure organique, externe, 8c
„ interne. Leurlùbftance n’eft plus oflèufe, fi vous
„ n exceptez piufieurs dents de pierre remplies 8c
„.couvertes de marne. Les autres os font prefque
,, calcinés, 8c en partie pétrifiés, la plupart calfés,
„ épars, fans aucune adhérence entr’eux. Duref-
„ te, il n’y en a point qu’on puilfe comparer aux