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Ijes Poires, sans parler de leur saveur si variée, présentent
dans leur eliair un caractère particulier que nous
ne retrouvons au même degré dans aucun autre fruit de
Pomacées, et qui manque dans le tissu cellulaire de tous
les autres organes, écorce, feuilles, etc,, sans en excepter
celui des lambourdes, analogues cependant aux parties succulentes
du fruit. Si eu effet, à l’époque de la lloraison,
ou examine au microscope le parenchyme destiné à former
la poire, on aperçoit, disséminés an milieu de cellules
arrondies et très-minces, des groupes d’antres cellules plus
épaisses, à parois canaliculées, qui, en se ligniliant, constitueront
les granulations pierreuses autour desquelles on voit naître
de grandes vésicules allongées ; celles-ci s’entremêlent ensuite
parmi les utricules primitifs eousidéralilement accrues,
Turpin (i), sans tenir compte des cellules primitives arrondies
et à parois minces, a décrit et ligure assez exactement
les utricules claviforuies rayonnant de chacune des agglomérations
pierreuses, dont la présence constitue l ’un des principaux
caractères du Poirier, puisqu'elles manquent absolument
dans les Pommes, etc. (a). Leur nombre est tellement
grand dans certaines Espèces {Pirus paniflora, syriacn,
Boveana, etc.) que les fruits en se desséchant acquièrent la
dureté de la pierre; les poires les plus fondantes n’en sontja-
( r ) T u r p in , Mémoire sur la différence q u offrent Us tissus cellulaires de la Pomme et
de la Poire (M ém . Acacl. s c le n c ., to n i. X V I I c um la b . [ i8 3 8 ] ) . — G rew , q u i a r e p r é s e n té
d e so n crôté le tis su q u i c o n s titu e la p om m e e t la p o ir e , fa it r em a r q u e r q u e la c h a ir d e
c e tte d e rn iè r e e s t p a rs em é e d e g ra in s c a lc a ire s ( T a r ta r e o u s G ra in s ; l a r t . Body ) e n to u re s
d ’u n tis su é to ilé . ( A n a t., 1. I , c a p . V I , p . 4 i 5 1- IV , c a p . I I , p . i 8a , ta b . 65 e t 6 7 .)
( 2) M ey en c o n s id é r a it ces g rum e a u x c om m e u n e m a la d ie d u tis su u tr ic u la i r e , p a r ti c u liè
re a u x P o i r i e r , C o g n a s s ie r e t N é flie r. L e s f ru i ts d e c e s a r b r e s , d it - il , s o n t a tta q u e s
d ’u n e m a lad ie q u i lo r s q u ’e lle se m a n ife s te à u n h a u t d e g ré r e n d im m an g e ab le le s p lu s b e lles
p o ire s . E lle se p r é s e n te so u s la fo rm e d e p e tits n o y a u x p ie r r e u x , isolés d a n s le tis su
su c c u le n t d e la c h a ir d e la p o ir e . (M ey en , Pfîanzcn-Pathol., p . 280, e tc .)
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mais exemptes, et celles dites à chair cassante doivent en partie
leur consistance à l ’abondance de ces granulations pierreuses
qui accompagnent ordinairement le système vasculaire
central, et s’aeeumulent souvent au voisinage du calyce,
de manière à former une masse solide et presque comparable
à un noyau. Ces granulations donnent en outre à la peau
des poires l’aspect mat et cbagriné qui les distingue si nettement
des pommes, que certains botanistes, Knant en particulier
( i ) , s’étaient servis de ce caractère pour séparer les
deux Genres a Maius fructum cum cale iævl Pirus auteni
ieviter scabrum profert. » Quant au pointillé que présente
la surface des poires, il est déterminé par des sortes de petits
pertuis on ménisques arrondis correspondant aux
stomates, autour desquels le tissu épidermique présente
ordinairement une teinte pins foncée que dans les parties
environnantes. La peau des poires, quoique souvent très-
fine et très-lisse, n’est jamais aussi onctueuse que celle des
pommes. Elnfin, les taches ou marbrures de couleur fauve
si fréquentes sur les poires sauvages ou cultivées dépendent
d’une altération particulière de l ’épiderme accompagné
d’exfoliation de la cuticule. Leur présence est souvent si
constante autour du pédoncule qn’on peut les prendre pour
caractériser certaines variétés.
Les Poires n ’échappent pas plus que les autres organes
floraux aux influences météorologiques; sans parler de leur
saveur, plus ou moins aromatique et sucrée, je ferai remarquer
que l ’action du froid sur le pédoncule en suspend ou
arrête sensiblement l'allongement chez certaines variétés à
pédoncule très-long ct grêle, telles que les poires Bon-
( i l K iia iit, Mcthodus plantar. geniiiria, p . s S i ( 1726).
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